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Secteur militaire : le thème de l'année 2025 en Bourse ?

Comment se positionner face à la hausse à venir des dépenses militaires

Bonjour,

Entre l’altercation inédite entre Trump et Zelensky et l’allocution d’Emmanuel Macron hier à 20h, le sujet des dépenses militaires et plus largement de la guerre, longtemps en second plan, reprend une place centrale.

Et… l’impact ne s’est pas fait attendre en Bourse : les valeurs du secteur de la défense, déjà en vogue depuis 2022, ont fortement progressé depuis le début de la semaine.

Dans cette newsletter, nous revenons sur le contexte et les perspectives de ce secteur en Europe. Puis, nous faisons un tour d’horizon des principaux acteurs de la défense, en France, en Allemagne et dans d’autres pays européens.

Cependant, avant de poursuivre, nous tenions à préciser qu’au-delà des considérations financières, il est essentiel de rappeler que ce qui se passe en Ukraine est dramatique. Bien que nous soyons investisseurs, nous sommes conscients que ces sujets vont bien au-delà de l’argent.

D’ailleurs, nous oublions pas l’aspect “éthique” de l’investissement dans le secteur militaire. C’est pourquoi, nous en parlions dans le 2ᵉ épisode de notre podcast Bourseko MOAT (pas encore disponible sur les plateformes de podcast, mais ça arrive bientôt).

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Le début du réveil

Les derniers jours ont secoué l’Europe, la plongeant dans une introspection stratégique inédite. Les déclarations choc de Donald Trump et de son administration sur l’Ukraine et l’Europe ont fait voler en éclats l’unité transatlantique, révélant un fossé béant entre les priorités des deux continents. D’un côté, Ursula von der Leyen et Volodymyr Zelensky appellent à une Europe souveraine, prête à défendre ses intérêts et à soutenir Kyiv face à Moscou.

Ursula von der Leyen - Présidente de la commission européenne

De l’autre, le vice-présidence américain et le secrétaire à la Défense américain sèment le doute, remettant en cause le rôle de gendarme des États-Unis et menaçant de retirer le précieux 'parapluie' sécuritaire en place depuis 1945.

Résultat ?

L’Europe est dos au mur : elle doit désormais façonner son propre avenir, et cela nécessitera un réarmement massif dans les années à venir.

Un cycle de réarmement en marche

Le réarmement européen n’est pas une réponse spontanée à ces bouleversements, mais le fruit d’une dynamique enclenchée il y a plus de dix ans. L’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 avait déjà sonné l’alarme, incitant des pays comme la Pologne et les États baltes à augmenter leurs budgets militaires. Cependant, c’est l’invasion de l’Ukraine en février 2022 qui a véritablement renversé la donne, transformant une tendance timide en un mouvement généralisé. Aujourd’hui, 23 des 32 membres de l’OTAN sont européens, et la majorité d’entre eux atteignent ou dépassent le seuil de 2 % de leur PIB consacré à la défense – un niveau inédit depuis la fin de la Guerre froide.

Dépenses militaires et de défense des pays de l'OTAN en proportion de leur PIB (%)

Ce retour en force des dépenses militaires marque la fin d’une période de désarmement qui a suivi la chute du Mur de Berlin. Pendant près de trois décennies, les budgets défense ont fondu, notamment en Europe de l’Ouest, où la menace semblait s’être dissipée. Résultat : un sous-investissement cumulé estimé à 1 400 milliards de dollars, qui a laissé les armées européennes avec des capacités vieillissantes et des stocks critiques (munitions, blindés, défense aérienne) à moderniser d’urgence.

Depuis les années 90, l’Europe a fortement sous-investi dans sa défense

Depuis 2022, les chiffres parlent d’eux-mêmes et clairement le marché l’a bien compris en se ruant sur les valeurs européennes de défense.

En effet, l’Allemagne, longtemps critiquée pour sa frilosité, a lancé un fonds spécial de 100 milliards d’euros et vise désormais 3% de son PIB d’ici 2030. La France, forte de son industrie militaire robuste, table aussi 3% (soit environ 100 milliards d’euros annuels) d’ici la fin de la décennie. La Pologne, en première ligne face à la Russie, dépasse déjà 4% de son PIB, tandis que la Suède et la Finlande, nouveaux membres de l’OTAN, accélèrent leurs efforts.

À cela s’ajoute une aide militaire collective à l’Ukraine de 20 milliards d’euros par an, financée en grande partie par les Européens. Ce cycle de réarmement, déjà bien entamé, pourrait devenir un « super-cycle » si les engagements actuels se prolongent sur la prochaine décennie (2030 -2040)

Tant pis pour les déficits

Le 4 mars 2025, Ursula von der Leyen, a dévoilé un plan colossal de 800 milliards d’euros, intitulé « Réarmer l’Europe », visant à doter l’Union européenne d’une capacité de défense robuste tout en soutenant l’Ukraine face à la Russie. Ce qui frappe dans cette initiative, c’est l’approche audacieuse adoptée vis-à-vis des finances publiques : tant pis pour les déficits, l’Europe doit se donner les moyens de ses ambitions.

Conférence de Munich portant sur la défense européenne

Le financement repose sur plusieurs axes. D’abord, une enveloppe de 150 milliards d’euros en prêts serait mise à disposition des 27 États membres pour des investissements stratégiques : systèmes antiaériens, drones, missiles à longue portée, artillerie. Ces fonds serviraient aussi à des achats groupés pour harmoniser les équipements militaires et fournir une aide immédiate à l’Ukraine. Mais la pièce maîtresse du plan réside dans une décision radicale : suspendre temporairement les règles strictes du Pacte de stabilité et de croissance, qui limitent le déficit public à 3 % du PIB. En activant cette clause dérogatoire, Ursula von der Leyen ouvre la porte à une mobilisation estimée à 650 milliards d’euros sur quatre ans. Autrement dit, elle encourage les États à s’endetter davantage, quitte à creuser leurs déficits, pour financer un réarmement jugé vital face aux menaces géopolitiques.

D’ailleurs, les marchés financiers l’ont bien compris : les rendements des obligations de nombreux pays européens ont fortement augmenté, notamment en Allemagne, en Italie, en Espagne et en France, où l’obligation à 10 ans a atteint un sommet historique. Cette dynamique pourrait peser sur les valorisations du marché actions européen à moyen et long terme, alors même que ce début d’année est marqué par une certaine euphorie en Europe, portée par un écart de valorisation significatif avec les valeurs américaines.

OAT 10 ans - France

En balayant d’un revers de main les règles de déficit, la présidente de la Commission impose une vision où la sécurité prévaut sur la discipline budgétaire. Évidemment, c’est une excellente nouvelle pour le secteur de la défense, qui bénéficiera, au cours des prochaines décennies, d’une commande publique conséquente. Cela permettra d’améliorer les marges, de faciliter le financement et, par conséquent, de soutenir les niveaux de valorisation.

Priorité à l’industrie européenne 🇪🇺

Un autre enjeu stratégique réside dans la montée en puissance de l’industrie de défense européenne. Entre mi-2022 et mi-2023, 78 % des dépenses en équipements militaires des pays européens ont profité à des fournisseurs étrangers, dont 63 % aux États-Unis.

Cette domination s’explique par la qualité et la rapidité des livraisons américaines – illustrées par une hausse de 89 % des ventes militaires US vers l’Europe entre 2021 et 2022 – mais aussi par une réflexion historique : les Européens ont longtemps privilégié le matériel américain pour garantir l’interopérabilité avec l’OTAN.

63 % du budget européen alloué à la défense bénéficie aux entreprises américaines 🇺🇸

Depuis 2022, les capacités de production ont explosé en Europe : Rheinmetall a doublé sa production de munitions, Leonardo accélère sur les livraison d’hélicoptères de combats, et des consortiums comme KNDS (Franco-Allemand) rivalisent avec les géants américains sur les blindés.

À terme, l’Union Européenne vise 50 % de parts de marché pour ses industriels d’ici 2030, et 60 % en 2035 – un objectif ambitieux mais réaliste si les budgets suivent comme annoncé 🇪🇺

Focus sur les valeurs 👀

Face à ce constat, une question s’impose naturellement : quelles entreprises sauront tirer profit de la montée en puissance des investissements des pays européens dans les années à venir ?

Répartition du chiffre d’affaires par entreprise - Oddo

Pour repérer celles qui bénéficieront de cette dynamique, nous nous appuyons sur trois critères essentiels : une forte exposition au marché européen, une dépendance limitée aux États-Unis, et, surtout, un avantage concurrentiel découlant de leurs productions, de leurs carnets de commandes et de leurs équipements militaires. Sur cette base, nous avons sélectionné sept valeurs : deux allemandes (Rheinmetall, Hensoldt), trois françaises (Thales, Dassault Aviation, Exail) et une italienne (Leonardo).

Kongsberg (Norvège) et BAE Systems (Royaume-Uni) pourraient aussi venir à l’esprit, mais leur forte exposition aux États-Unis et leur appartenance à des pays hors Union européenne les écartent de notre thèse initiale

🇩🇪 Rheinmetall

L’entreprise allemande est au cœur du réarmement européen et c’est clairement l’entreprise qui profite le plus de la tendance actuelle depuis la guerre en Ukraine.

Son carnet de commandes a atteint 55 milliards d’euros fin 2024, avec un potentiel de 80 milliards en 2025 si des contrats majeurs (notamment véhicules blindés pour l’Allemagne et l’Ukraine) se confirment. De son côté, le management anticipe un doublement de ses ventes, de 10 à 20 milliards d’euros d’ici 2027, avec une marge de 15 %, portée par ses activités défense (80 % de son chiffre d’affaires).

La forte croissance sur le chiffre d’affaires est à venir

Actuellement, l’Allemagne, représente plus de 70% de ses ventes européennes, a annoncé qu’il souhaite dépasser les 3% de son PIB (120 milliards d’euros) dans le budget de la défense, dont on peut estimer que Rheinmetall pourrait capter 30 à 40 %.

À long terme, le groupe vise 30 milliards d’euros de ventes d’ici 2030, ce qui offrirait une croissance de 20% par an sur les 6 prochaines années.

🇩🇪 Hensoldt

Hensoldt est une entreprise peu connue du grand public, mais elle n’en est pas moins fascinante. Spécialiste des capteurs et systèmes électroniques, notamment dans les domaines des radars et de l’optronique, Hensoldt équipe près de la moitié des plateformes militaires allemandes, couvrant aussi bien l’aviation que les navires.

Forte visibilité sur la décennie à venir pour Hensoldt

Avec les deux tiers de ses ventes réalisées en Allemagne, le groupe peut anticiper un taux de croissance annualisée organique de 12 à 15 % d'ici 2030, porté par un budget de défense allemand atteignant 3 % à cet horizon.

🇮🇹 Leonardo

Leonardo excelle dans des domaines clés tels que l’aéronautique (hélicoptères, avions d’entraînement), l’électronique de défense et les systèmes navals. Comme de nombreux groupes du secteur de la défense, elle détient des participations stratégiques notables, notamment dans MBDA, leader mondial de la conception et de la production de missiles, ainsi que dans ATR, constructeur d’avions régionaux, en partenariat avec Airbus. Cette collaboration lui permet de diversifier ses activités vers le secteur civil, un atout attractif pour les investisseurs.

Hélicoptère de Leonardo

Son principal client demeure l’État italien, qui, grâce à la clause de sauvegarde, pourrait accélérer significativement les contrats, notamment pour les frégates et les Eurofighters. Cependant, avec 40 % de ses ventes réalisées hors d’Europe, Leonardo reste vulnérable aux incertitudes transatlantiques, en particulier vis-à-vis des États-Unis.

🇫🇷 Thales

Thales, fleuron français, a bouclé une année 2024 exceptionnelle avec un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros, dont les deux tiers tirés de la défense, consolidant son rôle de pilier incontournable de la souveraineté technologique européenne.

Ses radars de pointe (équipant notamment les frégates FDI), ses systèmes de commandement et ses solutions de cybersécurité dominent le marché continental, où l’entreprise réalise 70 % de ses ventes, principalement en France, au Royaume-Uni et en Italie. Avec un carnet de commandes atteignant 50 milliards d’euros fin 2024, en hausse de 15 % par an, Thales bénéficie aussi d’une participation importante de 35% dans Naval qui est un leader européen de la défense navale.

Participation de 35% dans Naval Group

En résumé, si la France porte son budget défense à 3% de son PIB (soit 100 milliards d’euros), Thales est peut-être l’entreprise la mieux positionné pour en capter une part substantielle, tout en équilibrant son exposition grâce à une diversification civile représentant ~30 % de son activité qui continue à profiter de la cadence de production notamment du côté de l’aéronautique.

🇫🇷 Dassault Aviation

Symbole de l’excellence aéronautique française, Dassault s’appuie sur ses chasseurs Rafale, exportés dans plus de 10 pays, et potentiellement sur le futur SCAF, développé avec l’Allemagne et l’Espagne. En 2024, l’entreprise affiche au delà proches de 6 milliards d’euros et un carnet de commandes de 40 milliards d’euros soit 5 à 6 années d’activités porté par des contrats militaires (France, Émirats arabes unis) et une montée en cadence de production (21 Rafale livrés par an, avec un objectif de 30 d’ici 2027).

Rafale, fabriqué par Dassault Aviation

Le point fort de Dassault Aviation c’est aussi une participation stratégique dans Thales de 26% (13 milliards d’euros), soit 55% de la capitalisation boursière actuelle de Dassault Aviation.

À l’inverse, chez Bourskeo, on est moins enthousiaste vis-à-vis de l’exposition au marché des jets privés, qui ne présente pas de perspectives de forte croissance dans les années à venir. Sur le court-moyen terme, cela limite le potentiel de Dassault Aviation par rapport à d’autres entreprises exclusivement dédiées au secteur militaire.

🇫🇷 Exail

Moins médiatisée que les géants du secteur, Exail s’impose pourtant comme une étoile montante dans le secteur pour les investisseurs qui souhaitent prendre plus de risque.

Spécialisée dans les drones sous-marins et les robots terrestres, l’entreprise répond à des besoins stratégiques avec des solutions innovantes, notamment dans la détection de mines sous-marines et la surveillance côtière. En 2024, son chiffre d’affaires avoisine les 370 millions d’euros, dont 80 % proviennent du secteur de la défense, un segment en pleine expansion pour cette entreprise de seulement 500 millions de capitalisation boursière.

Drone sous-marin de Exail

Portée par la demande croissante pour les systèmes hybrides, Exail séduit particulièrement en France et dans les pays du Nord, ce qui fait que le dossier pourrait bénéficier des hausses de budget dans l’UE.

Actuellement, son carnet de commandes, flirte avec les 700 millions d’euros, ce qui témoigne d’un positionnement solide sur des niches à fort potentiel sans réel concurrence au sein de l’Europe.

À l’heure où l’Europe aspire à une défense plus indépendante, Exail pourrait voir ses opportunités se multiplier sur le moyen-terme. Toutefois, malgré ses atouts, il est important de garder en tête que ce "petit poucet" de la tech défense doit prouver qu’elle est capable de transformer ses promesses en croissance durable.

Conclusion

En conclusion, le secteur de la défense restera central en Europe dans les années à venir. Cependant, après la forte hausse et le niveau de valorisation des valeurs du secteur, il est légitime de se demander s’il y a toujours du potentiel.

Concernant la valorisation de ces différents valeurs, nous l’abordons dans le Club Bourseko.

De notre côté, c’est tout pour cette newsletter.

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Loris & Abdallah

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