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Profiter du Bitcoin en Bourse

En 2024, il ne vous aura sûrement pas échappé que le Bitcoin a vu son cours s’envoler, doublant de valeur en quelques mois et dépassant la barre symbolique des 100 000 $ en décembre.

Forcément, cette performance interpelle. Alors, en tant qu’investisseur en actions, ce que nous privilégions chez Bourseko, on peut se demander s’il faut s’exposer au Bitcoin.

Mais comment profiter de cette nouvelle ruée vers l’or numérique quand on préfère passer par la Bourse traditionnelle ? Faut-il absolument acheter du Bitcoin “physique” via une plateforme crypto ?

Et bien, pas forcément. Aujourd’hui, la finance traditionnelle propose plusieurs options pour s’exposer au Bitcoin via des instruments cotés en Bourse. C’est précisément ce que nous allons voir dans cette newsletter.

Mais avant, commençons par revenir sur les raisons de la hausse récente du Bitcoin.

Les raisons de la hausse récente du Bitcoin

La hausse explosive de 2024 s’explique par des catalyseurs bien identifiés. Le principal déclencheur a été l’approbation historique des premiers ETF Bitcoin “spot” aux États-Unis en janvier 2024. En effet, le 10 janvier 2024, après de nombreux refus, la SEC donne enfin son feu vert à une série d’ETF Bitcoin au comptant, portés par de grands noms comme BlackRock, Fidelity ou Ark Invest.

L’arrivée de ces ETF a provoqué une vague d’achats massive, décorrélée des cycles habituels du Bitcoin. En moins d’un an, les ETF Bitcoin spot ont attiré plusieurs dizaines de milliards de dollars de flux et en novembre 2024, les ETF Bitcoin cumulent plus de 20 milliards $ d’encours !

Or, chaque dollar investi dans un ETF oblige le gestionnaire à acheter du Bitcoin réel sur le marché, ce qui soutient mécaniquement la hausse des cours.

De plus, au-delà de l’aspect financier, l’approbation des ETF marque une forme de reconnaissance officielle du Bitcoin par les autorités et par la finance traditionnelle. Pour la première fois, le grand public et les institutionnels peuvent acheter du Bitcoin via un produit boursier réglementé, sans avoir à passer par les plateformes crypto.

Autre signal fort en 2024 : de plus en plus d’entreprises privées annoncent intégrer du Bitcoin dans leur trésorerie. Parmi les acteurs les plus visibles, on retrouve MicroStrategy, Block, et plus récemment Trump Media.

Cette dernière envisagerait d’allouer jusqu’à 3 milliards $ au Bitcoin, pour renforcer sa trésorerie. Une décision marquante, venant de l’entreprise liée à la famille du 47e président des États-Unis, et qui symbolise une nouvelle étape dans l’adoption institutionnelle du Bitcoin.

Ainsi, en à peine cinq ans, la dynamique est impressionnante. On est passé de 4 262 BTC dans les trésoreries d’entreprises privées à plus d’un million de BTC début 2025.

Un autre phénomène majeur vient renforcer cette dynamique : l’arrivée possible des États dans le jeu. Plusieurs pays, à commencer par le Salvador, cherchent à diversifier leurs réserves et à profiter de la hausse du Bitcoin.

De plus, les États-Unis sont en première ligne depuis le retour de Donald Trump à la présidence. Le nouveau gouvernement ambitionne de constituer une réserve stratégique en cryptomonnaies, avec un objectif de 200 000 BTC.

Une telle initiative, portée par la première puissance mondiale, serait un tournant historique. Cela marquerait une nouvelle étape dans l’adoption institutionnelle, et pourrait pousser d’autres pays à suivre.

Pour beaucoup d’investisseurs traditionnels, la question n’est plus de savoir si le Bitcoin va monter. La vraie question, c’est comment s’y exposer intelligemment, sans nécessairement prendre les risques techniques liés aux plateformes crypto.

1 - MicroStrategy

C’est un peu le pionnier et le symbole de cette tendance. MicroStrategy, à l’origine, est une société américaine de logiciels de Business Intelligence, fondée en 1989.

Mais en 2020, Michael Saylor, son PDG, opère un virage stratégique radical : convaincu que le Bitcoin est l’or numérique du futur, il décide d’en acheter massivement pour placer la trésorerie de l’entreprise.

Depuis, MicroStrategy accumule les bitcoins. L’entreprise n’hésite pas à emprunter pour acheter encore plus, multipliant les opérations à effet de levier.

Résultat : en 2025, MicroStrategy devient le plus grand détenteur institutionnel de Bitcoin au monde, avec environ 580 000 BTC en portefeuille, soit plus de 60 milliards de dollars aux cours actuels.

Pour financer ces achats, deux leviers principaux sont utilisés :

1. L’émission de nouvelles actions, qui dilue les actionnaires existants, mais augmente le nombre de BTC par action, ce qui est “perçu” comme créateur de valeur à long terme.

2. Des obligations convertibles, une forme de dette qui peut être transformée en actions MSTR.

Cette stratégie rend l’action MicroStrategy très spéculative car elle repose sur la hausse continue du Bitcoin et un niveau d’endettement important. En conséquence, en cas de chute brutale du BTC, l’entreprise pourrait être contrainte de vendre ses bitcoins pour rembourser ses dettes, ce qui aggraverait les pertes.

Désormais, le marché considère MicroStrategy comme un véritable proxy du Bitcoin. Lorsque le BTC monte, l’action Microstratgegy grimpe en flèche, et inversement. En 2024, alors que le Bitcoin doublait de prix, l’action MicroStrategy a ainsi connu une ascension vertigineuse, gagnant près de 400 % sur l’année. Cette envolée lui a même valu d’intégrer le Nasdaq 100.

La stratégie de Saylor a fait des émules : dans son sillage, plusieurs autres entreprises ont adopté la même approche, allouant une partie de leur trésorerie au Bitcoin pour doper leur valorisation ou parier sur le long terme.

Bien sûr, cette stratégie n’est pas sans risques. Elle expose MicroStrategy à la volatilité extrême du Bitcoin. Michael Saylor assume ce pari avec une ferveur presque sectaire, communiquant abondamment sur la supériorité supposée du Bitcoin face aux monnaies fiduciaires inflationnistes.

Cependant, pour ceux qui croient en la valeur à long terme du Bitcoin, MicroStrategy demeure une option attrayante à considérer. Toutefois, cette perspective repose principalement sur le narratif de l’entreprise et la capacité de Michael Saylor à accumuler un maximum de Bitcoin, plutôt que sur une analyse conventionnelle basée sur des indicateurs tels que le PER, la croissance du chiffre d’affaires ou les flux de trésorerie comme nous avons l’habitude de faire.

2 - Coinbase

Coinbase permet de s’exposer au Bitcoin de de façon différente. Contrairement à MicroStrategy, l’entreprise ne détient pas de Bitcoin en réserve, mais c’est la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies aux États-Unis, et l’une des plus influentes au monde.

Fondée en 2012 par Brian Armstrong (ancien ingénieur chez Airbnb) et Fred Ehrsam, Coinbase naît avec une mission claire : démocratiser l’accès aux cryptomonnaies.

Le pari est réussi. En dix ans, des millions d’utilisateurs rejoignent la plateforme, l’offre s’élargit (ajout d’Ether, création d’un wallet, carte crypto…) et Coinbase devient un acteur incontournable. Apogée de cette success story, Coinbase entre en Bourse en 2021 sur le Nasdaq, c’est la première plateforme crypto à être cotée publiquement.

Concernant le modèle économique, il repose principalement sur les frais de transactions. Donc, plus les volumes d’échange augmentent, plus Coinbase gagne de l’argent. Cela fait de Coinbase une entreprise très cyclique, qui performe dans les phases haussières et souffre lors des phases de marché baissier.

Brian Armstrong en est conscient. Pour rendre l’entreprise moins dépendante du trading pur, il a lancé une stratégie de diversification ambitieuse. Son objectif : faire en sorte qu’au moins 50% des revenus ne dépendent plus des volumes de trading.

Cela passe par la monétisation d’autres activités telles que :

1. le staking (récompense pour le blocage de cryptos)

2. la custodie institutionnelle (garde sécurisée pour les clients, notamment pour BlackRock)

3. les abonnements à des services premium…

Coinbase doit devenir un écosystème crypto diversifié, capable de générer des revenus même lorsque le marché est moins porteur.

3 - Du Bitcoin sur PEA ?

Lorsqu’on évoque les actions liés au Bitcoin, il n’est pas rare de recevoir cette question : est-ce qu’il est possible d’avoir une exposition au Bitcoin sur le PEA pour profiter de la niche fiscale.

La réponse est oui, mais il faut avoir les nerfs solides.

Actuellement, sur la côté parisienne, on retrouve principalement Blockchain Group, qui ambitionne de devenir la première Bitcoin Treasury Company européenne, en s’inspirant de MicroStrategy, même si en termes de taille, de track record et de mécanisme on peut noter de nombreuses différences.

Concrètement, The Blockchain Group a commencé à investir massivement sa trésorerie dans le Bitcoin à la fin de l’année 2024, adoptant une stratégie de réserve de valeur inspirée de celle de Michael Saylor.

Les mois suivants, la société a annoncé plusieurs acquisitions spectaculaires de BTC. En mars 2025, elle achète 580 bitcoins d’un coup pour environ 47 millions €. En mai 2025, elle en rachète 227 de plus . Puis début juin 2025, nouveau coup d’éclat : TBG annonce l’acquisition de 624 BTC supplémentaires pour ~60 millions €, portant son stock total à 1 471 bitcoins en trésorerie .

Ces chiffres peuvent sembler modestes face à MicroStrategy, mais ils sont énormes à l’échelle de cette PME française : avec près de 1 500 BTC en portefeuille, The Blockchain Group détient l’une des plus grosses réserves de Bitcoin parmi les entreprises européennes. Elle a même dû émettre des obligations convertibles pour financer en partie ces achats.

Naturellement, la communication établit des parallèles entre le parcours de The Blockchain Group et celui de MicroStrategy ou de la société japonaise Metaplanet.

Actuellement, le dossier reste très (voire trop) spéculatif pour un investisseur raisonné (sans parler du fait que la société a un passif qui ne joue pas en sa faveur). Cependant, si la hausse du Bitcoin se poursuit, il est fort probable que son écho médiatique devrait s’amplifier considérablement dans les mois à venir.

Conclusion

En conclusion, les actions liées au Bitcoin peuvent intéresser les investisseurs qui souhaitent s’exposer indirectement à la reine des cryptomonnaies. Néanmoins, il faut garder en tête que, même détenu de façon indirecte, le Bitcoin apporte beaucoup de volatilité à un portefeuille.

Chaque investisseur doit évaluer la place à accorder au Bitcoin en fonction de ses convictions, objectifs personnels et de sa tolérance au risque.

Pour les plus dynamiques, investir dans des Bitcoin Treasury Companies, comme MicroStrategy ou d’autres entreprises accumulant du Bitcoin, pourrait devenir une alternative de plus en plus prisée. En effet, il n’est pas exclu que, face à la complexité de la détention directe de Bitcoin ou encore pour profiter d’une fiscalité plus douce (par exemple avec le PEA), un nombre croissant d’investisseurs se tourne vers ces sociétés.

De notre côté, nous adoptons une approche prudente face à ces nouvelles tendances et nous ne nous intéressons pas à ces valeurs. Toutefois, il nous semblait pertinent de nous pencher sur ce phénomène, qui gagne en ampleur trimestre après trimestre.

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Loris & Abdallah