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Pourquoi Tesla est plus qu'un constructeur automobile
#75 L'analyse complète du projet fou d'Elon Musk
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Pourquoi Tesla est plus qu'un constructeur automobile
Aujourd’hui, nous allons parler d’une action particulièrement célèbre, notamment parmi les investisseurs particuliers américains : Tesla.
Tesla est une entreprise qui fait beaucoup parler d’elle, tant par ses performances impressionnantes, avec une croissance annuelle moyenne de plus de 42 % depuis son introduction en bourse en 2010, que par son PDG ultra-clivant, Elon Musk, l’homme le plus riche du monde.
Dans le monde de la finance, ce dossier ne laisse personne indifférent. Tout le monde a a un avis dessus, notamment sur le sujet de sa valorisation boursière, qui atteint environ 800 milliards de dollars, surpassant de loin celle de nombreux constructeurs automobiles combinés.
Performance annualisée de 74% par an sur 5 ans
Aujourd’hui, nous allons analyser le parcours de Tesla, les facteurs clés de son succès, ses différentes activités, ses avantages compétitifs, ses perspectives et ses risques.
Enfin, nous essaierons de voir si il peut valoir le coup d’y investir et à quel niveau de valorisation.
Attention, cette newsletter est particulièrement longue, presque 2 fois plus la longue que nos analyses fondamentales classiques (comptez minimum 20 minutes de lecture), mais ça en vaut le coup, croyez-nous.
Allons-y ⤵️
Les débuts de Tesla
Contrairement à ce que beaucoup pensent, Tesla n’a pas été fondée par Elon Musk. Bien qu’il ait rejoint très tôt l’aventure, il est essentiel de comprendre l’histoire de Tesla pour saisir son business model et ses perspectives.
Tesla Motors a été fondée en 2003 par Martin Eberhard et Marc Tarpenning. Ils choisissent de nommer leur entreprise en hommage au célèbre scientifique Nikola Tesla, pionnier dans le développement de l’énergie électrique.
Martin Eberhard et Marc Tarpenning (fondateurs de Tesla Motors)
Pour remettre les choses dans leur contexte, à l’époque, la technologie des batteries lithium-ion commençait à connaître un fort développement, notamment grâce à l’explosion de l’adoption des téléphones et des ordinateurs portables. L’idée de base était donc de transposer cette technologie aux voitures électriques.
Cependant, il est important de noter que les fondateurs de Tesla n’étaient pas les premiers à vouloir produire une voiture électrique. General Motors avait déjà lancé le premier modèle de ce type, la GM-EV1 en 1996.
Elon Musk a découvert le projet Tesla Motors à l’automne 2003 grâce à J.B. Straubel, qui connaissait bien l’écosystème naissant des véhicules électriques à San Francisco.
Au même moment, Martin Eberhard et Marc Tarpenning cherchaient des financements, mais ils se heurtaient au refus des investisseurs en capital-risque (venture capital) à qui ils présentaient l’idée.
Finalement, après avoir pris contact avec eux, Musk a participé à leur première levée de fonds en avril 2004, investissant 6,5 millions de dollars sur les 7,5 millions levés. Cela fait de lui immédiatement un actionnaire important et montre à quel point peu de gens croyaient au projet à l’époque.
Suite à cette levée de fonds, Elon Musk est devenu le 4ᵉ employé et président du conseil d’administration de Tesla (le 3ᵉ étant Ian Wright).
⚡️ A NOTER
Elon Musk a fait fortune en 2002 quand PayPal a été racheté par Ebay pour 1,5 milliards $.
Il détenait 11,7% de l’entreprise, ce qui lui a rapporté environ 180 millions $.
Par ailleurs, avant de financer Tesla, il avait déjà fondé Space X en mai 2002.
Les débuts de Tesla n’ont pas été de tout repos. En effet, fabriquer des voitures nécessite beaucoup plus de capitaux que de développer un logiciel. Et donc, très vite, l’entreprise a dû lever de nouveaux fonds pour financer ses projets.
En février 2005, Tesla organise une nouvelle levée de fonds, où Elon Musk injecte encore une fois une grande partie des capitaux, apportant 9 des 13 millions de dollars levés. L’objectif de cette levée était clair : financer la production de leur premier véhicule.
Cependant, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu et Tesla s’est encore rapidement retrouvée à court de liquidités. Ils ont dû lever 40 millions de dollars supplémentaires, avec Musk contribuant à hauteur de 12 millions $, le reste provenant d’autres investisseurs comme Larry Page et Sergey Brin, les fondateurs de Google.
Finalement, en juillet 2006, Elon Musk présente le Tesla Roadster, la première voiture de Tesla. Les premières livraisons de ce modèle sportif commencent en 2009, avec environ 937 unités vendues la première année, représentant 100 millions de dollars de ventes.
Présentation du Roadster en 2006
Musk fut d’ailleurs le premier client livré. Ce modèle, bien que n’étant pas destiné au grand public, fait partie intégrante de la stratégie long terme de Tesla, révélée dans son Master Plan publié le 2 août 2006.
En résumé, le Master Plan est le suivant :
- Construire une voiture de sport
- Utiliser cet argent pour construire une voiture abordable
- Utiliser cet argent pour construire une voiture encore plus abordable
- Tout en faisant ce qui précède, offrir des options de production d'énergie électrique sans émissions.
Ne le dites à personne.
Ce Master Plan est resté le fil conducteur du développement de Tesla durant toutes les années qui ont suivi.
En 2008, après des tensions avec Martin Eberhard et une brève direction par un PDG externe (Ze’ev Drori), Elon Musk prend les rênes de l’entreprise en tant que PDG.
Sa première décision fut de licencier 25 % des employés pour contrôler les coûts et éviter la faillite. Tesla dut également emprunter 40 millions $ pour survivre quelques mois de plus.
Ensuite, Musk se concentra sur le projet suivant : produire une berline, qui deviendra le Model S.
Il engage d’abord Henrik Fisker, l’ancien designer d’Aston Martin, mais après des tensions, Fisker quitte Tesla pour fonder Fisker Automotive, qui fera faillite en 2013 après avoir lever plus d’1 milliard $ et reçu 500 millions $ du gouvernement américain.
C’est finalement Franz von Holzhausen, ancien designer chez Mazda, qui conçoit la Model S.
Model S
Cependant, pour produire des véhicules, Tesla avait besoin d’une usine. Cela tombe bien, car en 2009, en pleine crise économique, General Motors fait faillite et cherche à vendre des actifs pour récupérer du cash.
Tesla saisit cette opportunité et acquiert pour une bouchée de pain l’usine de Fremont, en Californie, qui appartenait à une joint-venture entre General Motors et Toyota.
Tesla arrive même par la même occasion à convaincre Toyota d’investir dans son capital (de même que Daimler la même année).
Pour la petite histoire, Daimler et Toyota vendront toutes leurs actions Tesla en 2014 et 2016 (la plus value ratée est astronomique, comme quoi, il faut toujours laisser courir ses gagants).
En mai 2010, Tesla annonce le Model S, et en juin 2010, l’entreprise fait son introduction en Bourse et lève 226 millions $.
IPO de Tesla, le 29 juin 2010
La Model S a été lancée en juin 2012 et a immédiatement suscité un engouement rare dans l’industrie automobile. En 2013, le magazine de référence MotorTrend l’a élue “Voiture de l’année” à l’unanimité, soulignant sa vitesse, son confort et son design (il s’agit d’un magazine automobile de référence).
Néanmoins, durant ses premières années, Tesla a aussi dû affronter de nombreuses difficultés qui ont failli lui être fatales :
Tesla souhaitait vendre ses voitures directement via son propre réseau, mais certains États américains, comme le Texas, interdisent aux fabricants de voitures d’être aussi distributeurs. Tesla a donc dû s’adapter, en s’appuyant sur des bénévoles passionnés de la marque, une stratégie inhabituelle mais qui a fonctionné.
Tesla a souvent eu du mal à augmenter sa production et à honorer ses pré-commandes, alors que les clients avaient déjà versé plusieurs milliers de dollars à l’avance, ce qui a créé beaucoup de mécontentement.
Début 2013, alors que la situation était critique, Elon Musk a envisagé de vendre Tesla à Larry Page et Sergey Brin, fondateurs de Google. L’accord était presque finalisé, mais grâce à l’engagement des employés, les ventes ont décollé, avec des revenus de 562 millions $ au premier trimestre 2013 (contre 30 millions $ au T1 2012), rapprochant Tesla de l’équilibre financier. Elon Musk s’est donc convaincu, à juste titre, que l’entreprise pouvait survivre et même réussir.
Avant de lancer un modèle grand public, Tesla a voulu renforcer son intégration verticale en se concentrant sur l’élément clé d’une voiture électrique : les batteries.
En 2014, Tesla a donc commencé la construction de la Gigafactory au Nevada. Cette intégration, couplée à la baisse rapide du prix des batteries lithium-ion, a permis à Tesla de réduire significativement le coût des batteries, le principal poste de dépenses d’un véhicule électrique.
Ensuite, plusieurs étapes marquantes ont rythmé le développement de Tesla :
2012 : Début du déploiement des Superchargers, des bornes de recharge rapide. Ce déploiement est crucial, car au-delà de l’autonomie des véhicules électriques, un réseau de bornes bien réparti et rapide est essentiel pour favoriser l’adoption de ces voitures. Personne ne veut se retrouver en panne au milieu du désert de l’Arizona avec une borne à des centaines de kilomètres.
2014 : Lancement de l’Autopilot, la première fonctionnalité étant le stationnement automatique.
2015 : Lancement du Model X, un SUV qui se vend très bien et dépasse rapidement le nombre de ventes du Model S.
2017 : Tesla Motors devient simplement Tesla, après l’acquisition de SolarCity en 2016. Fondée par deux cousins d’Elon Musk, cette entreprise spécialisée dans les panneaux photovoltaïques devient Tesla Energy, la filiale dédiée à l’énergie solaire.
Et bien sûr, il y a eu le lancement très attendu du Model 3 en 2017, une berline plus abordable. En moins d’un an, ses ventes étaient presque deux fois supérieures à celles des Model S et X combinées, faisant du Model 3 la voiture électrique la plus vendue au monde jusqu’à ce que la Model Y la dépasse.
2020 : Tesla lance la Model Y, un SUV basé à 75 % sur le Model 3, partageant des éléments de conception similaires. En 2023, la Model Y devient la première voiture électrique à se hisser en tête des ventes mondiales, surpassant les Toyota RAV4 et Corolla.
En 2023, Tesla a réalisé un chiffre d’affaires de 97 milliards $ et sa capitalisation boursière au moment où j’écris ces lignes est de presque 800 milliards $.
Répartition Géographique sur l’exercice 2023
Le chemin parcouru par Tesla est impressionnant, surtout compte tenu de la difficulté opérationnelle d’apporter une telle révolution dans une industrie dominée par des géants établis.
Le succès de Tesla est probablement l’un des plus grands succès industriels du XXIᵉ siècle, tant les défis étaient colossaux : difficultés financières, frictions liées aux infrastructures (bornes de recharge, batteries…), capacité de production limitée et cadre réglementaire complexe (notamment avec l’Autopilot).
En s’attaquant à ces problèmes, Elon Musk a relevé un défi immense, et même si l’histoire n’est pas terminée, le parcours accompli est déjà remarquable.
Bien sûr, on pourrait encore discuter longuement du CyberTruck, des camions Semi, ou même du projet Optimus, mais ce n’est pas le sujet de cette newsletter.
Passons maintenant à l’analyse du business model, des avantages compétitifs et des perspectives de Tesla pour évaluer si cette action pourrait représenter une opportunité intéressante, et si oui, à quelle valorisation.
Activités
L’activité de Tesla se divise en trois catégories : Automobiles, Services et Énergie.
Répartition de l’activité en 2023
Automobile
C’est la principale division de Tesla aujourd’hui (85% du chiffre d’affaires en 2023). Comme son nom l’indique, ce segment regroupe principalement la vente de voitures.
Toutefois, on peut retrouver aussi d’autres sources de revenus :
Les crédits carbone
Les activités de financement (leasing de voitures)
Les mises à jour logicielles et l’accès à Internet
Et surtout, le FSD (Full-Self Driving / option de conduite autonome). J’y reviens longuement plus bas
Depuis 2012, la division Automobile a connu une croissance exceptionnelle de 62,8% par an. En 2023, le chiffre d’affaires s’élève à 82,4 milliards $.
Maintenant, si on revient à la vente de voiture qui reste le coeur de segment, Tesla propose quatre modèles principalement :
Les Model 3 et Y qui sont des véhicules plus grand public (96% des véhicules livrés en 2023)
Les S et X qui s’adressent à une autre type de clientèle (4% des véhicules livrés en 2023).
Evolution des livraisons des modèles 3/Y et S/X depuis 2017
On peut également mentionner le Cybertruck et les Semi dans la catégorie “Autres Modèles”, mais pour le moment, leur impact reste marginal.
Le volume total de voitures livrées est passé de 100 000 unités en 2017 à plus de 1,8 million en 2023, soit une croissance de x18 en 6 ans !
En termes de chiffre d’affaires, celui-ci a été multiplié par 10 sur la même période, atteignant 78,5 milliards $ en 2023. Cette progression est légèrement moins rapide que celle des livraisons, car les premiers modèles étaient environ deux fois plus chers.
De façon plus globale, la part de marché de Tesla ont pas bien progressé sur ses principaux marchés : l’Amérique du Nord, l’Europe et la Chine.
Quant au Roadster, sa production a été arrêtée en 2012. Cependant, une deuxième version de la voiture de sport a été annoncée en 2017, et elle est très attendue par les fans d’automobile.
Annonce du Roadster de 2ème génération - 2017
En plus de vendre et de louer des voitures, le segment automobile comprend également les revenus provenant de l’accès aux fonctionnalités FSD.
Incontestablement, c’est l’un des éléments déterminants (le plus important selon moi) pour toute personne qui veut investir dans Tesla, le PDG lui-même le dit.
L’importance de résoudre le problème de la conduite autonome est primordial.
C'est vraiment la différence entre Tesla qui vaut beaucoup d'argent et Tesla qui n'en vaut pratiquement pas.
Pourquoi il dit ça ? Car dans les faits, le FSD n’est pas encore abouti. Aujourd’hui, c’est probablement, ce qui se fait de mieux avec Waymo d’Alphabet et Cruise de General Motors.
Cependant, c’est du niveau 2 de conduite autonome (au mieux niveau 3 dans certaines conditions).
Le FSD permet, par exemple, de stationner automatiquement la voiture ou d’être autonome sur une autoroute pour changer de voie. Cependant, le conducteur doit toujours rester attentif pour reprendre le contrôle si nécessaire.
L’objectif ultime pour Tesla est d’atteindre le niveau 5 d’autonomie, et d’y arriver en premier. À ce titre, la présentation du Robotaxi le 10 octobre 2024 pourrait être un moment déterminant.
Pourquoi ? Car plus l’option FSD sera performante, plus son adoption sera massive, et cela pourrait complètement changer la donne pour Tesla. L’entreprise passerait alors d’un simple constructeur automobile à un vendeur de logiciel à abonnement incontournable.
Concernant le prix du FSD, il a beaucoup évolué, passant de 5 000 $ en 2019, à 10 000 $ en 2020, puis à 15 000 $ en 2022, avant d’être récemment réduit à 8 000 $.
Sinon, une option avec abonnement mensuel à 99$/mois est également disponible (il était à 199$/mois jusqu’à avril 2024).
Malheureusement, Tesla ne communique pas de détail sur le chiffre d’affaires généré par le FSD. Cependant, d’après les estimations disponibles, le chiffre d’affaires lié au FSD représenterait…
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