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Les secrets à découvrir du Buffett canadien
#95 Retour sur la lettre annuelle de François Rochon

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Les secrets à découvrir du Buffett canadien
François Rochon, président de Giverny Capital, a publié sa lettre annuelle 2024, offrant une plongée fascinante dans sa philosophie d’investissement, les performances de son portefeuille et ses perspectives pour l’avenir. Chez Bourseko, nous admirons sa rigueur et son approche intemporelle, résumée par cette maxime qu’il incarne à merveille : « J’ai le goût le plus simple : je n’aime que le meilleur. »
Nous vous proposons les enseignements clés de cette lettre, enrichis pour vous 😉
Une philosophie d’investissement ancrée dans l’excellence
Rochon résume sa stratégie en une phrase limpide : acquérir des entreprises exceptionnelles, dirigées par des talents de premier ordre, à des prix sous-évalués. Avant de plonger dans les détails de cette, il est important de garder en tête les piliers de sa philosophie :
Les actions, reine des classes d’actifs : Sur le très long terme, elles surpassent toutes les autres formes d’investissement.
Pas de prédictions hasardeuses : Tenter de “timer” le marché est futile ; la patience l’emporte sur la spéculation.
Valeur intrinsèque comme boussole : Le rendement d’une action reflète, à terme, la croissance des bénéfices et du rendement des capitaux propres de l’entreprise sous-jacente.
Qualité avant tout : Rochon cible des sociétés rentables, avec des avantages compétitifs durables (Moat), des perspectives de croissance solides et des dirigeants intègres, alignés sur les intérêts des actionnaires.
Éviter les pièges : Les entreprises risquées – non rentables, surendettées, cycliques ou mal gérées – sont bannies de son radar.
Évaluation pragmatique : Une fois une perle identifiée, il estime sa valeur intrinsèque avec simplicité (bénéfices par action futur x multiple conservateur) pour saisir les opportunités.
Volatilité, une alliée : L’irrationalité des marchés, que beaucoup craignent, est pour lui une aubaine. Elle permet d’acheter des joyaux à prix cassés, à condition de rester impassible face aux fluctuations.
Patience récompensée : Même si le marché tarde à reconnaître la valeur d’une entreprise, un bon choix finit toujours par payer.
Bien évidemment, cette approche, qui mise sur quelques entreprises d’élite détenues sur des années, ne garantit pas des rendements linéaires. Certaines années seront en deçà des indices, mais c’est une réalité à accepter pour générer des rendements supérieurs.
D’ailleurs, en 2002, François Rochon avait introduit la règle des trois 👇
Une année sur trois, le marché baissera de plus de 10 %.
Une action sur trois que nous achetons sera quelque peu décevante.
Une année sur trois, notre performance sera inférieure à celle des indices.
Le portefeuille Rochon Global a affiché un rendement de 24,9 % en 2024, légèrement en dessous de son indice de référence qui a réalisé 26,8% de performance en 2024. Depuis 1993, sa performance annualisée reste impressionnante à 15,1 %, contre 9,8 % pour son indice de référence (S&P 500 + TSX + Russell 2000)

Performance de 15.1% par an depuis 1993
Qualité et discipline : le duo gagnant
Rochon classe les risques en quatre axes – diversification, qualité, valorisation, comportement – et place la qualité au sommet. Celui-ci investi surtout dans des sociétés dotées de bilans solides et d’équipes passionnées qui sont ses meilleures armes pour limiter les déceptions sur des dossiers (Meta, Berkshire, Booking..)
Sa méthode d’évaluation, volontairement épurée, privilégie les bénéfices futurs par action (BPA) et un multiple P/E raisonnable. Pas de modèles sophistiqués comme on l’entend souvent en écoutant les analysant, mais une compréhension intime des entreprises. Par exemple, il confesse avoir manqué des opportunités comme Novo Nordisk en 2013 (jugée trop chère), mais préfère cette prudence à une prise de risque hasardeuse.

Est-ce que c’est le moment de s’intéresser de nouveau à Novo Nordisk 👀
Le comportement, un risque trop souvent ignoré
Rochon met en garde contre les émotions qui guident trop souvent les investisseurs comme c’est parfois le cas en ce début d’année 2025. Clairement, la peur ou l’euphorie à court terme peuvent détourner des décisions rationnelles. Il raconte une anecdote personnelle : en 2008-2009, malgré une chute brutale des marchés, celui-ci a maintenu ses positions dans des entreprises solides, ce qui a porté ses fruits sur le long terme. En lisant François Rochon, on comprend aisément que la patience et la discipline sont des atouts aussi précieux que l’analyse fondamentale.
Podium des erreurs : 2019
Dans ces lettres, François Rochon perpétue une tradition chère à son approche : le "Podium des erreurs" qui revient avec humilité et une pointe d’autocritique constructive sur les 3 dossiers qu’il a loupé il y a 5 ans en expliquant qu’est-ce qu’il en retient. Voici les médaillés 2024, tirés de la lettre, et les leçons qu’ils nous offrent.
🥉 Médaille de bronze : Apollo Hospitals – L’occasion manquée en terres indiennes
En 2007, un reportage télévisé sur des Québécois soignés dans les hôpitaux d’Apollo Hospitals à Chennai, en Inde, attire l’attention de Rochon. Cette entreprise, pionnière dans la numérisation des soins de santé à des coûts défiant toute concurrence nord-américaine, coche toutes les cases : innovation, efficacité, croissance. Pourtant, elle est pourtant écartée à l’époque, freinée par les défis d’un investissement lointain que ça soit d’un point de vue géographique, culturel et des craintes sur la devise fragile que représentait la roupie.

Croissance de 12% par an depuis 2015
Résultat ? De 2007 à 2024, les revenus d’Apollo explosent, multipliés par 20, et l’action passe de 250 à 6 267 roupies. Même avec une dépréciation de 40 % de la roupie face au dollar canadien, cela représentait un rendement potentiel de 1 400 % en 17 ans. Une omission coûteuse, mais compréhensible : l’éloignement a eu raison de l’élan initial.
Leçon : Les opportunités audacieuses exigent parfois de sortir de sa zone de confort, ce qui a par exemple était le cas de Warren Buffett qui n’a pas hésité à investir au Japon avec un réel succès.
🥈 Médaille d’argent : Ameriprise Financial – Le spin-off sous-estimé
En 2005, Ameriprise Financial naît d’un spin-off d’American Express, dont Rochon est alors actionnaire. Il reçoit des actions à environ 34 $ pièce, mais les vend quelques années plus tard, doutant de leur avantage compétitif durable dans la gestion financière.
Néanmoins, il continue toutefois à suivre l’entreprise de loin !
Erreur de jugement : Entre 2005 et 2024, les bénéfices par action d’Ameriprise Financial grimpent de 2,80 $ à plus de 35 $, soit une croissance annuelle de 14 %.

L’action atteint 563 $ en 2024, offrant un rendement potentiel de 1 500 % sur 19 ans. Pire encore, en 2019, Rochon réexamine le titre à 125 $ (9 fois les profits) – une aubaine – mais décide de ne pas investir. Par le suite, le cours de l’action quadruple !
Leçon : Parfois chercher des meilleurs opportunités peut coûter cher, surtout quand les chiffres parlent d’eux-mêmes.
🥇 Médaille d’or : Cintas – La balle au centre manquée
Cintas, spécialiste de la location d’uniformes à Cincinnati, est une vieille connaissance de Rochon. En 2016, l’entreprise acquiert son concurrent G&K Services pour 2,2 milliards $, une opération qui fait grimper son endettement mais promet des synergies. À 26 $ par action (26x les profits), Rochon hésite : l’évaluation semble élevée, et il attend un meilleur prix.

Cours de l’action - Cintas
Grosse erreur : en neuf ans, le bénéfice par action est passé de 1,02 $ à 4,35 $ (croissance annualisée de 17 %), le chiffre d’affaires est passé de 4,9 à 10,3 milliards $, et l’action a atteint 204 $ en 2024 – une hausse de 700 %, ce qui fait un rendement annualisé de 25 % !
Même sans profiter de l’envolée du multiple (aujourd’hui à 40x), l’investissement aurait quintuplé. Rochon l’admet : il comprenait parfaitement Cintas, ses avantages compétitifs et son modèle récurrent. Au baseball, c’était “une balle en plein centre de sa zone de prises”, qu’il a délibérément choisi de laisser filer.
Leçon : Quand tout est aligné – qualité, compréhension, potentiel –, attendre le “prix parfait” peut être une faute majeure.
Ces mea culpa, clairement inspirés du “Mistake of the Day” de Buffett, reflètent le credo de Rochon : tirer des leçons de ses erreurs pour progresser. C’est précisément ce que nous cherchons à appliquer au sein du Club, à travers notre watchlist, nos revues de portefeuille, nos sessions de questions-réponses, et bien plus encore.
Perspectives pour 2025 : confiance dans les fondamentaux
Sans prétendre prédire l’économie mondiale, Rochon se dit optimiste quant à la capacité de ses entreprises à générer des profits records en 2025. Il souligne que les "Magnificent Seven" (les sept géants technologiques dominant le S&P 500) ne représentent qu’une faible part de son portefeuille (Alphabet et Meta uniquement), car leurs valorisations élevées (moyenne de 29x P/E) contrastent avec sa préférence pour des opportunités plus raisonnables.
En effet, le S&P 500 a réalisé un rendement parmi les plus élevés du monde avec 25,0%. Ce fut encore une fois l’année des mégas capitalisations du S&P 500 : les « 7 magnifiques » ont réalisé un rendement de 48% et représentent maintenant plus du tiers de l’indice !
Ainsi, ces sept compagnies ont contribué pour la moitié du gain du S&P 500 en 2024. Pour comparer, l’ensemble des titres du S&P 500 sur une base de poids égaux (S&P 500 Equal Weight) a réalisé une performance de seulement 13,0% en 2024.

Portefeuille de François Rochon - Giverny Capital
Trump président : un risque important pour l’investisseur ?
Chez Giverny, ils préfèrent se focaliser sur le long terme des entreprises plutôt que de se laisser distraire par la politique. Pour illustrer ce principe, François Rochon reste convaincu que la croissance des « owner’s earnings » – les bénéfices des propriétaires, un concept hérité de Warren Buffett – déterminera principalement l’évolution des cours boursiers à long terme, quel que soit l’occupant de la Maison Blanche. Par ailleurs, il souligne que le risque d’un portefeuille repose souvent sur la durée de détention des titres…
En effet, plus un investisseur conserve ses actions longtemps, plus leur performance boursière reflète la valeur réelle des entreprises, atténuant ainsi l’impact des risques politiques. À l’inverse, multiplier les transactions amplifie les risques. Dans les années 1950, une action à la Bourse de New York était détenue en moyenne 8 ans ; aujourd’hui, cette durée s’est réduite à 8 mois. François Rochon, quant à lui, privilégie une détention moyenne d’environ huit ans, permettant souvent à une entreprise de traverser un cycle économique complet.

Forte baisse du taux de détention au fil des décennies
En somme, pour minimiser le risque – le pire ennemi de l’investisseur – c’est souvent de lui-même qu’il doit se méfier !
Pourquoi ça résonne chez nous
Chez Bourseko, la vision de François Rochon résonne profondément avec notre philosophie d’investissement, car elle met en avant des valeurs fondamentales qui nous tiennent à cœur : la patience, la qualité et une perspective résolument ancrée dans le long terme.
Alors que le marché est souvent dominé par des coups spéculatifs et des réactions impulsives aux fluctuations éphémères, nous faisons le choix d’une patience assumée, en nous associant à des entreprises solides sur la durée. Cette approche reflète notre conviction profonde : la véritable richesse réside dans la stabilité et la résilience, bien plus que dans la poursuite effrénée de coups à court terme.
Nous envisageons l’investissement comme une démarche qui se pense en décennies, et non en années, contrairement à une pratique actuellement trop répandue. Cela passe par une sélection rigoureuse d’entreprises de qualité avec des avantages compétitifs durables, une gestion irréprochable, des bilans robustes et des perspectives de croissance pérennes.
Cette philosophie se traduit concrètement dans notre manière d’aborder le marché : moins on passe d’ordres, mieux c’est.
De plus, alors que beaucoup se concentrent sur le prix, nous privilégions la valeur intrinsèque, évaluée à travers le prisme des bénéfices et du free cash flow.
Enfin, nous adoptons systématiquement la posture du propriétaire plutôt que celle du spéculateur. Nous nous rappelons constamment qu’une action n’est pas un simple chiffre : elle incarne une histoire, des équipes, des produits, et bien plus encore. Notre rôle, en tant qu’investisseurs, est de détenir ces plus belles entreprises tant que leurs fondamentaux demeurent solides, avec la conviction que c’est dans cette détention durable au sein de nos portefeuilles que se construit un rendement supérieur.
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