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Faut-il se contenter d'un PEA pour investir en Bourse ?

#63 La réponse dépend de ton profil d'investisseur

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1 / Partage de la watchlist du mois de juillet (13 actions dont 8 éligibles au PEA)

2/ Partage des convictions de Goldman Sachs sur les marché action

3/ Partage de mes mouvements sur mon portefeuille US

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Faut-il se contenter d’un PEA pour investir en Bourse ?

Lorsqu'on commence à investir en bourse, la première chose qu'on nous conseille, à juste titre, c'est d'ouvrir un PEA.

Cependant, je remarque que les investisseurs se contentent trop souvent du PEA. Or, si tu lis cette newsletter depuis un moment, tu sais que Loris et moi aimons beaucoup les actions américaines, par définition non éligibles au PEA.

Je me suis donc dit qu'il serait intéressant de consacrer une newsletter pour expliquer de façon exhaustive, en partant des bases, pourquoi il est important pour les investisseurs intéressés par le stockpicking de ne pas se limiter à un PEA.

Évidemment, cela dépend de ton profil, mais je l’explique en détail dans la suite.

Allons-y ⤵️ 

PEA & CTO : quelles différences ?

Qu'est-ce qu'un PEA ?

Rapidement, un PEA ou Plan d'Épargne en Actions est une enveloppe fiscale, comme l'assurance vie, qui permet d'investir dans des actions. Son gros avantage est que les plus-values et les dividendes sont exonérés d'imposition après 5 ans d'ouverture du plan.

Pour simplifier, lorsqu'on investit en bourse, si on achète une action à 100€ et qu’on la revend à 120€, on réalise une plus-value de 20€. Or, comme tout gain en capital, cette plus-value sera taxée. On a le même mécanisme pour les dividendes.

Grâce à l’avantage fiscal du PEA, si on détient le PEA depuis plus de 5 ans, on ne paie pas d'impôt sur le revenu sur ces gains. Cependant, on reste redevable des prélèvements sociaux, actuellement au taux de 17,2%.

En bref, le PEA offre une fiscalité avantageuse pour les investisseurs long terme.

Cependant, comme toujours, le régulateur a fixé des contraintes à cet avantage fiscal.

  1. Il faut que le PEA ait au moins 5 ans pour pouvoir en bénéficier

  2. On peut investir uniquement sur des actions européennes (il y a même quelques restrictions, notamment dans l’immobilier).

  3. L’apport maximal autorisé est de 150 000 euros mais la taille du PEA elle-même est illimitée. Par exemple, si tu as investi 150 000 euros et réalisé 850 000 euros de plus-values, ton PEA vaut 1 million € et cela ne pose aucun souci. Il est même possible d’aller à 225 000€ d’apports avec un PEA-PME.

  4. Comme le livret A, on ne peut avoir qu’un seul PEA par personne.

Bien sûr, nous sommes en France donc la défiscalisation est un argument choc pour convaincre les Français. C’est pour cela que le PEA est une porte d'entrée importante pour de nombreux investisseurs en Bourse. 

Et c’est le moins qu’on puisse dire car le PEA a vraiment le vent en poupe actuellement comme le démontre une étude de l'AMF. En 2023, il y avait environ 7 millions de PEA ouverts en France, contre un peu moins de 6,5 millions en 2022. Il y a donc eu plus de 500 000 ouvertures nettes de PEA sur l'année 2023.

C'est une excellente chose. Bien sûr, le PEA reste en retrait par rapport à l'assurance vie. Cependant, il commence à se faire une place de choix parmi les placements privilégiés des Français.

Quelle est la différence entre le compte-titres et le PEA ?

De l’autre côté, le compte-titres est l'enveloppe générique pour investir en bourse. Contrairement au PEA, il n'offre pas d'avantages fiscaux. On est imposé de façon normale sur les plus-values et les dividendes. Deux options sont donc possibles :

  • Etre imposé au barème progressif de l'impôt sur le revenu. Dans ce cas, on ajoute nos plus-values et dividendes à notre revenue global imposable.

  • Opter pour la flat tax ou prélèvement forfaitaire unique (PFU). Ici, on est imposé de façon fixe à 30%. Ce chiffre inclue à la fois l'impôt sur le revenu et les prélèvements sociaux.

De façon générale, le compte-titres offre une bien plus grande souplesse et flexibilité que le PEA.

Déjà, on peut en ouvrir plusieurs. De plus, il y a beaucoup moins de contraintes :

  • on peut investir sur toutes les actions du monde, des obligations ainsi que sur une vaste gamme d'ETFs, là où les ETFs éligibles au PEA sont limités.

  • Pas de plafond d'apport : on peut investir des millions € si on le souhaite.

⚡️ EN BREF

Si tu es fan d'Apple et que tu veux investir directement dessus, il te faudra nécessairement un compte-titres. Ici, je mets de côté l'assurance vie, qui n'est pas le sujet de cette newsletter.

Les avantages d’investir dans un PEA

Investir en bourse avec des avantages fiscaux, c'est aujourd'hui possible grâce au PEA et au PER. Cependant, le PEA est, selon moi, la meilleure enveloppe pour investir en bourse pour la majorité des profils.

⚡️ IMPORTANT

Si ce n'est pas déjà fait, je t’invite vraiment à ouvrir un PEA dès que possible, ne serait-ce que pour prendre date.

Il suffit de mettre le montant minimum pour ouvrir ton PEA afin de bénéficier au plus vite possible de l’avantage fiscal.

L'un des avantages majeurs du PEA est qu'il s'agit d'une enveloppe séparée. Tant qu’on ne retire pas d’argent du PEA, nous n’avons aucune fiscalité à payer, contrairement au compte-titres où on doit calculer notre impôt chaque fin d'année.

Avec le PEA, il n'y a aucun impôt tant qu’on ne transfére pas d'argent du PEA vers notre compte courant. En comprenant le mécanisme des intérêts composés, on se rend compte de la puissance de cet avantage.

En effet, la capacité de capitaliser sur plusieurs années sans friction fiscale, que ce soit sur les dividendes ou sur les plus-values, est un avantage considérable.

Voici un exemple où je place 10 000€ à 10%/an sur un PEA et celui où je place 10%/an sur un compte titre avec 30% de flat tax tous les ans.

Au bout de 20 ans, les 10 000€ deviennent :

  • plus de 67 000€ avant imposition sur un PEA (il faudrait retirer les 17,2% de prélèvement sociaux sur les plus-values pour avoir le montant net).

  • Environ 38 000 € sur un compte-titres en se faisant imposer tous les ans.

Cependant, et c'est ce que nous allons voir dans la suite de cette newsletter, si tu es un investisseur réellement intéressé par le stock-picking (choisir tes propres actions), alors le PEA se révèle très rapidement insuffisant.

⚡️ A RETENIR

A performance égale, le PEA est beaucoup plus avantageux que le compte-titres.

En conséquence, si tu préfères investir exclusivement en ETF, le PEA est largement suffisant.

Raison 1 : se limiter aux actions européennes

La première limite du PEA est sa limitation aux actions européennes. Or, pour moi, investir sur des actions ne pas être pouvoir acheter d’actions américaines est vraiment dommage.

Liste des pays éligibles au PEA

Pourquoi ?

D’abord, les actions de l’Union Européenne ne représente que 11,1% de la capitalisation boursière mondiale (la France environ 3%). Ce sont les chiffres du deuxième trimestre 2023, donc cette part a probablement baissé un peu depuis.

En comparaison, les États-Unis représentent 42,5% de la capitalisation boursière mondiale. Il est très probable que depuis la fin du deuxième trimestre 2023, cette part ait augmenté, se rapprochant maintenant plus des 50%.

Ainsi, en tant qu'investisseur français, investir uniquement sur la France ou l’Europe, c’est se limiter à un terrain de jeu extrêmement restreint. Ignorer les marchés en dehors de l'Europe, en particulier les États-Unis qui dominent le marché mondial, revient à se priver d'opportunités d'investissement importantes.

A la limite, si on se restreigait à 11% de la capitalisation boursière mondiale mais qu'on détenait les meilleures actions du monde, ce ne serait pas un problème.

Par exemple, investir uniquement dans Ferrari, bien que cela ne représente qu'une petite fraction du marché mondial de l'automobile, pourrait être une excellente stratégie.

Toutefois, ce n'est pas le cas avec les actions européennes. Au contraire, si l'on compare le S&P 500 aux États-Unis et l'Eurostoxx 600 en Europe, qui prennent en compte les grandes capitalisations boursières de chaque région, les résultats sont clairs.

J’ai réalisé un backtest de ces indices depuis 1993 jusqu'à la fin de l'année 2023. Le S&P 500 affiche une performance annuelle de 11,03%, tandis que l'Eurostoxx 600 n'a enregistré que 7,86% par an. En gros, sur 30 ans, le S&P 500 a une performance environ 3x supérieure à celle de l’EuroStoxx 600.

Cette performance est calculée en € pour les deux indices. De plus, point important à noter, le niveau de volatilité entre ces deux indices est très similaire.

Source : Curvo

Quid de l’avenir ?

Ce qui s'est passé dans le passé n'est pas une garantie de ce qui va se passer dans l'avenir. Il est possible que l'Europe rattrape les États-Unis ou que les actions américaines soient actuellement survalorisées.

Faire des prévisions sur l’avenir est forcément hypothétique, mais quand on compare les grandes actions américaines et européennes, on remarque que les États-Unis sont en avance sur les technologies de rupture telles que l'intelligence artificielle, le deep learning, le cloud…

En Europe, les grandes valeurs, à quelques exceptions près, sont souvent concentrées sur des secteurs plus traditionnels comme les biens de consommation courants, la finance ou le luxe. Ce sont de belles valeurs, mais ont-elles le potentiel de transformer des secteurs entiers ou de représenter des révolutions technologiques et économiques ? Je ne pense pas personnellement.

D'ailleurs, on le voit sur le graphique précédent. La performance du S&P 500 par rapport à l'Eurostoxx 600 s'est considérablement décorrélée à partir de la fin de la crise économique de 2008. C'est à ce moment-là que les États-Unis ont commencé à décoller, tandis que l'Europe a ralenti.

Performance de plusieurs marchés boursiers entre 2010 et 2022 - Source : Morningstar

La raison principale est que les États-Unis possèdent de nombreuses valeurs technologiques qui ont tiré leurs indices vers le haut. Pensez à Apple, Microsoft, Google, Amazon, ou dernièrement Nvidia. En Europe, le continent est largement dépourvu de ce type de valeurs, ce qui a empêché l'Eurostoxx 600 de profiter de l'explosion des valeurs technologiques comme l'a fait le S&P 500.

Oui, tu peux toujours investir sur le S&P 500 via des ETF dans un PEA. Mais ça me paraît compliqué de faire de la performance en stock picking sans être sur le marché américain.

Surtout que, les frais, longtemps un frein pour investir Etats-Unis, ont beaucoup baissé. Dans mon cas, ça me coûte moins cher d’acheter des actions américaines que françaises.

Raison 2 : la fiscalité seule n’est jamais une bonne raison

Deuxième argument, et celui-là fait toujours mouche en France : on ne profite pas de la défiscalisation avec un compte-titres.

C'est vrai. Cependant, il est extrêmement important de noter que la défiscalisation ne doit jamais être le seul argument pour choisir un investissement. C'est simplement un paramètre à considérer.

Ce qui compte, c'est la performance nette après imposition.

Prenons un exemple simple : préféres-tu gagner 10 000 € et être taxé à 30 %, ou gagner 1 000 € et ne pas être taxé ?

Beaucoup d'investisseurs particuliers français commettent l'erreur de prioriser la réduction de leur imposition sans considérer le potentiel de performance de leur investissement (c’est comme ça qu’on finit avec des investissements Pinel à 3%/an).

Enfin, un point extrêmement important à considérer est que le cadre fiscal du PEA est susceptible d'être modifié dans les 20/30 prochaines années.

Par exemple, la flat tax a été instaurée en 2018. Le niveau des prélèvements sociaux sur les plus-values et les dividendes a beaucoup évolué au cours des 30 dernières années, passant de presque 0 % dans les années 90 à 17,2 % aujourd'hui.

Année

Taux au 1er janvier

1996

0,50%

1997

3,90%

1998

10%

2005

11%

2009

12,10%

2011

12,30%

2012

13,50%

2013

15,50%

2018

17,20%

2024

17,20%

Rien ne garantit que ce taux ne changera pas dans les prochaines années, surtout dans le contexte actuel où l'État cherche à augmenter ses recettes fiscales.

Il est donc plausible que des niches fiscales, comme celles du PEA, soient réévaluées et potentiellement modifiées. Bien entendu, cela reste une supposition, mais il est important de noter que baser sa décision d'investissement uniquement sur un avantage fiscal pouvant évoluer est risqué.

⚡️ A RETENIR

La fiscalité ne doit donc jamais être la raison principale de choisir un placement mais seulement un paramètre parmi d'autres.

Raison 3 : le risque d’être exposé uniquement à la France et à l’Europe

L'un des avantages majeurs de la bourse et des marchés financiers est la facilité qu'ils offrent pour s'exposer à différents marchés internationaux.

Récemment, avec la dissolution de l'Assemblée Nationale et l'instabilité politique en France, il est particulièrement risqué d'être uniquement exposé à la France, et dans une moindre mesure à l'Europe.

Si tu es français, tu es probablement déjà fortement exposé à l'économie française. Tu es salarié ou entrepreneur en France, et donc sensible à l'économie française. Tu as potentiellement d'autres placements en France, comme l'immobilier. Cela signifie que tu es déjà fortement exposé au risque économique et politique français.

Sur les 3 derniers mois, on voit bien le décrochage du CAC 40 à partir de la dissolution de l’Assemblée Nationale par rapport au S&P 500.

Comparaison performance CAC 40 vs S&P 500 sur 3 mois

Ne pas utiliser la bourse pour diversifier son risque en investissant dans d'autres marchés internationaux est, selon moi, une erreur. C'est le biais domestique, c'est-à-dire la tendance à investir préférentiellement dans son propre pays par confort ou familiarité.

Il est dommage de se limiter à la France en bourse car il est extrêmement facile et souvent plus avantageux de s'exposer à d'autres marchés (comme mentionné plus haut). 

Raison 4 : la succession

Enfin, un dernier point important à évoquer est l'avantage fiscal du compte-titres par rapport au PEA dans le cadre de la succession. En effet, on peut faire une donation de compte-titres à ses héritiers, par exemple à ses enfants, en purgeant les plus-values.

Concrètement, cela signifie que le bénéficiaire à qui on fait une donation d'un compte-titres se retrouve avec un prix d'achat du jour de la donation, et non pas le prix d'achat initial.

Par exemple, si on achète avez acheté une action à 10 euros et qu'elle vaut 100 euros au moment de la donation, on ne paye pas d’impôt. Le bénéficiaire, lui, se retrouve avec un prix d'achat de 100 euros, et sera fiscalisé uniquement sur les plus-values à partir de 100 euros par action.

Bien sûr, il y a une imposition spécifique sur les donations mais on bénéficie d’un abattement de 100 000 euros par enfant tous les 15 ans. Cela signifie qu’on peut faire une donation d'un compte-titres d'une valeur de 100 000 euros à ses enfants tous les 15 ans, sans droit de donation.

Ce mécanisme n’est pas possible avec le PEA car cette enveloppe est personnelle et ne peut pas être cédée.

Transmission PEA & CTO - Source : Le Stratège Patrimonial

Il y a donc un réel avantage fiscal à utiliser un compte-titres dans le cadre de la succession par rapport au PEA.

Pour plus de détails, je recommande le thread du Stratège Patrimonial sur l'avantage du compte-titres par rapport au PEA dans le cadre de la transmission, ainsi que son excellent article qu’il avait fait dans cette newsletter à propos du PER.

En résumé, le PEA est probablement une meilleure option sur le plan fiscal pour capitaliser, mais pour les donations ou la succession, le compte-titres semble légèrement meilleur.

Conclusion

En conclusion, je ne veux pas nier l'intérêt du PEA qui reste, à mon sens, la meilleure enveloppe pour investir en Bourse en France.

Cependant, si tu fais uniquement de l'investissement sur des ETF, alors se cantonner au PEA est une excellente idée. En revanche, si tu fais du stock-picking, alors ouvrir un compte-titres est judicieux.

Dernier point : si tu as plus de 150 000 euros d'apport, il faudra, de toute façon, trouver d'autres solutions soit un compte-titres ou une autre enveloppe telle que l'assurance vie ou le PER.

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Disclaimer : Je ne fais que partager mon expérience, je ne suis pas conseiller en investissement. Ces informations sont purement informatives et ne constituent en aucun cas un conseil en investissement. Dans tous les cas, je t’invite à systématiquement faire tes propres recherches.

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