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Quel potentiel pour le secteur des paiements en Bourse ?
#29 Visa, Adyen, Paypal, Worldline... Tout comprendre de cette industrie stratégique
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🗄️ Au sommaire de cette édition
L’outil de la semaine : Enerfip
L’actualité des marchés : Beaucoup de mauvais résultats, un marché sur les nerfs…
Le suivi de mes investissements : je renforce une position dans mon portefeuille Bourse
Quel potentiel pour le secteur des paiements en Bourse ? Visa, Adyen, Paypal, Worldline... Tout comprendre de cette industrie stratégique
⚒️ L’outil de la semaine
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📰 L’actualité rapide des marchés
Evolution des marchés financiers (semaine du 23 octobre 2023)
Comme prévu, semaine volatile sur les marchés, malheureusement pas dans la bonne direction. Une fébrilité se fait ressentir, le marché sanctionne sans hésiter les publications, mêmes correctes.
Les résultats publiés jusqu’à présent ne laisse pas beaucoup de place à l’optimisme. Le ralentissement économique commence à se matérialiser au niveau des entreprises.
En France, Worldline chute de près de 60% en une journée le mercredi. Une situation jamais vue sur le CAC 40 ! Kering, Remy Cointreau ou Xilam entre autres déçoivent aussi fortement.
Pour couronner le tout, Sanofi s’est effondrée vendredi suite à des résultats trimestriels mitigés, l’abandon de ses objectifs de marge pour 2025 et en raison de sa volonté de se séparer de sa division "Santé Grand Public".
Aux Etats-Unis, les publications d’Alphabet et Meta, pourtant bonnes mais pas parfaites, ont aussi été vendues. Sur les Big Tech, seul Microsoft rassure le marché avec un 3ème trimestre époustouflant. En France, Hermès rassure aussi sur le segment du luxe.
Heureusement, il y a encore le Bitcoin qui explose grâce aux signes de plus en plus nombreux d’une validation par la SEC d’un ETF sur la reine des cryptomonnaies.
Quel potentiel pour le secteur des paiements en Bourse ?
Tu en as certainement entendu parler, Worldline, spécialiste français des paiements, a connu une journée noire ce mercredi 25 octobre. En l’espace d’une seule journée, l’action s’est effondrée de 59,24%, du jamais vu pour une action du CAC 40, même lors des pires krachs.
De façon plus globale, c'est la sanction généralisée sur le secteur des paiements, longtemps prisé par les investisseurs. Depuis le début de l’année, voici la performance de certains noms connus du secteur.
Performance des actions du secteurs du paiement entre le 1er janvier et le 27 octobre 2023
La raison ? Des résultats en deçà des prévisions ambitieuses anticipées pendant la pandémie. Pourtant, malgré son omniprésence dans nos vies quotidiennes, cette industrie complexe reste incomprise par le grand public.
Après les semiconducteurs en juin, je défriche aujourd'hui l’industrie des paiement, malmenée actuellement mais potentiellement source de belles opportunités.
Le rôle central de l'industrie du paiement dans nos sociétés
Dans les pays développés, nous possédons presque tous une carte bancaire et la part du cash dans les transactions mondiales ne cesse de baisser.
En tant que particulier, on ne réalise pas que pendant ces quelques secondes où nous posons notre carte bancaire sur un terminal de paiement électronique (TPE ou POS en anglais), un process complexe impliquant une myriade d’acteurs se déroule sous nos yeux.
Aujourd’hui, le paiement électronique est devenu intournable tant il est entré dans nos habitudes de vie. Bien qu’il soit difficile de mesurer exactement les volumes totaux de paiement hors cash, je peux essayer de l’estimer. En partant de l’hypothèse que 70% des paiements hors cash et virements dans le monde de dehors de la Chine transitent par les réseaux de MasterCard et Visa, on se retrouve avec un marché estimé à 28 300 milliards de dollars en 2022. Autant dire que c’est un secteur vital pour nos sociétés et nos économies.
Ces flux pharamineux profitent à l’ensemble de l’écosystème qui ponctionne une commission pour se rémunérer. Autant dire que le marché est gigantesque. J’y reviens plus tard mais avant, il est important de comprendre la chaîne de valeur de cette industrie et comment se déroule une transaction.
Il y a deux grandes étapes dans un paiement par carte : l’autorisation de la transaction puis le règlement. Voici le processus simplifié de la phase d’autorisation :
Le titulaire de la carte présente sa carte sur un terminal physique (TPE, téléphone…) ou renseigne les informations de sa carte bancaire sur un formulaire de capture sécurisé en ligne
Ces informations sont récoltées par le “Gateway Provider” (je n’ai pas trouvé le terme en français) du marchand qui les transmet au processeur de paiement.
Celui-ci fait une demande de transaction au réseau de carte approprié (Visa ou MasterCard par exemple) qui transmet à la banque émettrice (“Issuing Bank” en anglais), celle du client.
La banque émettrice approuve ou refuse la transaction. Les transactions peuvent être refusées diverses raisons : insuffisance de fonds, compte clôturé…
La banque émettrice transmet ensuite le statut d'approbation (ou de refus) au réseau de cartes qui l’envoie au processeur de paiement qui annonce au client et au marchand si la transaction est acceptée ou refusée.
Schématisation du process de paiement - Source : Deloitte
Tout ce process se déroule en quelques secondes. Cela permet de proposer une expérience de paiement fluide pour les marchands et clients. Cependant, à l’issue de cette autorisation, le marchand n’est toujours pas payé, c’est justement l’objectif de la prochaine étape, celle du règlement.
Le processeur de paiement envoie par batch au réseau de carte une demande de paiement pour l’ensemble des transactions validées. En général, la fréquence est quotidienne.
Le réseau de carte effectue une demande de règlement à la banque émettrice.
Celle-ci débite le montant demandé sur le compte du client.
La banque émettrice transfert les fonds à la banque acquisitrice en se rémunérant au passage.
Le compte du marchand est crédité avec le montant de la transaction moins la rémunération de tous les intermédiaires (j’y reviens plus tard).
En moyenne, toutes ces étapes se font en 1 à 2 jours ouvrés.
Décomposition de la chaîne de valeur de l’industrie
Comme on vient de le voir, plusieurs types d’acteurs se positionnent sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Les 5 principaux sont les suivants :
“Gateway Provider” : Permet au marchand d'accepter les paiements par carte en capturant les informations de façon sécurisée pour les transmettre au processeur de paiement.
“Processeur de Paiement” : Transmet la demande de transaction au réseau de carte approprié puis reçoit la validation pour informer le client et le marchand.
“Banque Acquisitrice” (ou “Acquirer”) : Pour faire simple, c’est la banque du marchand, elle gère la partie règlement et verse le montant de la transaction moins les frais. C’est elle qui collecte l’ensemble des commissions qu’elle redistribue à aux autres acteurs de la chaîne de valeur.
Le réseau de carte : C’est la pièce centrale de l’architecture des paiements digitaux. Le duopole Visa/Mastercard domine avec leur réseau 16 000 banques partenaires. Union Pay détient un monopole en Chine. Enfin, American Express et Discover Financial font figure d’outsider.
Banque émettrice : C’est la banque du client qui doit donner la validation de la transaction et libérer les fonds.
Je sais que c’est déjà compliqué mais on va ajouter une couche de complexité. En effet, souvent les acteurs sont positionnés sur plusieurs process de la transaction.
A ma connaissance, un “Gateway Provider” est systématiquement aussi un “processeur de paiement” comme Stripe ou Paypal. On les appelle de façon plus générique Prestataires de Service de Paiement ou Payment Service Provider (PSP).
Ces PSP peuvent aussi fournir le service d’acquisition mais pas nécessairement. C’est le cas de Stripe ou d’Adyen mais pas de Paypal ou Block (ex-Square) qui sous-traitent cette opération à First Data, filiale de Fiserv depuis 2019.
Au-delà des réseaux de carte bancaire, inattaquables en raison de barrières à l’entrée quasiment infranchissables, la concurrence est rude sur le reste du marché.
On observe notamment une entrée fracassante des jeunes entreprises dites fintechs (Adyen, Stripe, Paypal…) qui prennent des parts de marchés aux acteurs historiques (Worldline, Nexi, Chase…).
⚡️ A noter
En plus du service de paiement à proprement parler, ces acteurs peuvent proposer des services annexes tels que le Risk Management, la gestion de la facturation ou l’analyse de données.
Comment les différents acteurs se partagent la valeur des frais de traitement
Comme indiqué, à la fin du process de règlement, la banque du commerçant crédite le compte du commerçant du montant de l'achat, moins les frais facturés (Merchant Discount Rate en anglais ou MDR).
Le MDR se décomposent en 3 lignes pour le marchand :
La commission d’interchange facturée par la banque émettrice pour l’acceptation du paiement. Elle est plafonnée à 0,20% en Europe pour une opération avec une carte de débit et 0,30% pour une carte de crédit (Source). D’après les articles que j’ai lus, aux Etats-Unis, elle se situe plutôt entre 1,5 et 3% (c’est énorme !).
Les frais de réseau facturés par les réseaux de carte. En 2022, Visa prélevait 0,11% + 0,07$ par transaction. En moyenne, ces frais de réseaux tournent entre 0,10 et 0,20%.
La marge d’acquisition que se partagent le PSP et la banque acquisitrice (si ce n’est pas la même acteur qui fait les 2). Cette marge n’est pas plafonnée par le régulateur mais elle oscille entre 0,1% et 1%. Plus le marchand est important, plus il peut négocier des frais bas et inversement.
En fonction du pays, le MDR est plus ou moins élevé. En Europe, le MDR atteint 1,5% par transaction. Aux États-Unis, il peut grimper jusqu'à 4,2%. Je n’inclus pas ici les éventuels frais de location de TPE pour les paiements physiques.
Pour être plus explicite : pour 100€ dépensés avec un MDR de 1,5%, le commerçant reçoit 98,50€ net. C'est d'ailleurs, à peu près, ce que Stripe facture en Europe pour son service.
⚡️Où se situent Apple et Google Pay ?
Pour le moment, Apple et Google ne sont pas des concurrents directs aux acteurs cités plus haut. Ce sont les banques émettrices qui rétrocèdent une partie de leur commission d’interchange.
Le chiffre est difficile à trouver mais il semblerait qu’Apple facture 0,15% de frais de transaction aux banques émettrices (Source). C’est la raison principale pour laquelle toutes les banques ne sont pas compatibles avec cette solution de paiement.
Quelles tendances pour cette industrie dans les années à venir ?
Selon le Boston Consulting Group, cette industrie pèse en 2022 1600 milliards de dollars dans le monde (Chine incluse). Il ne s’agit pas du volume total traité mais des commissions et frais perçus par l’ensemble de l’écosystème.
Evolution du marché du paiement dans le monde et par région - Source : BCG
Entre 2017 et 2022, la croissance a été impressionnante, boostée par la pandémie et la montée en puissance du e-commerce lors des confinements. Néanmoins, selon le BCG, une croissance plus modérée se profile : 6,2% par an au niveau mondial pour les cinq prochaines années, avec des variations selon les régions.
Plusieurs tendances soutiennent cette croissance. D'abord, la poursuite de la baisse des transactions en cash. Ensuite, l'engouement pour le e-commerce reste fort. Enfin, l'essor toujours grandissant des APM (Alternative Method of Payment / Méthodes Alternatives de Paiement). Cependant, il est important de noter que le paiement par carte est lui aussi en déclin, bien que moins rapide que celui du cash.
Pour informations, les principaux APM sont :
Les portefeuilles électroniques tels qu’Apple Pay, Google Pay, AliPay…
Les virements ou A2A (account-to-account) avec des solutions innovantes qui se développent comme Pix au Brésil ou Blik en Pologne (67% des transactions en valeur du e-commerce polonais passe par cette solution). En France, on a Paylib mais qui ne connaît pas le même succès
Le paiement fractionné ou BNPL (Buy Now Pay Later) a le vent en poupe avec des fintech tels que Klarna
Les cryptomonnaies et potentiels CBDC même si leur part reste marginal pour le moment
Part de chaque méthode de paiement en 2022 et 2026 - Source : FIS
Autre point important, le secteur est en plein mouvement de consolidation. Celui-ci devrait continuer dans les prochaines années notamment en raison du dégonflement des valorisations.
C’est d’autant plus le cas que c’est une industrie où les marges sont élevées. Voici la marge opérationnelle d’une sélection d’entreprises du secteur en 2022 :
Visa : 67,4%
MasterCard : 57,1%
Adyen : 50%
Global Payment : 22%
Worldline : 18,6%
Paypal : 16,5%
Quels risques pour cette industrie ?
Tout semble beau alors pourquoi les actions du secteur prennent aussi cher dernièrement ? Tu t’en doutes, il y a plusieurs risques qui pèsent sur ces scénarios optimistes.
Le principal risque est celui de la commodisation. Les barrières à l’entrée pour devenir PSP ne sont pas particulièrement élevées. De plus, le service proposé est standard : accepter et traiter les paiements.
Il devient donc de plus en plus difficile de se différencier autrement que par le prix. En conséquence, la guerre des prix est un scénario tout à fait plausible et qui commence à se matérialiser. C’est d’ailleurs ce que pointait du doigt Adyen dans son dernier rapport semestriel et qui a causé sa chute.
Jusqu’à présent, le narratif présenté était celui d’une industrie à forte marge qui surfe sur une mégatendance. Le rêve pour tout investisseur ! Aujourd’hui, le marché revoit fortement à la baisse les anticipations de croissance et de marge avec comme analogie catastrophe le secteur des Telecom où tout le monde tire les prix vers le bas à défaut de pouvoir se différencier autrement.
Face à ce changement de sentiment généralisé, les niveaux de valorisations diminuent en conséquence. Worldline est par exemple passé du statut d’action de croissance à celui d’action dite “value”.
Enfin, il y a toujours la menace qui plane de voir les GAFAM rentrer sur ce marché. Personnellement, c’est un scénario que j’estime peu probable. Ils sont déjà bien gagnants avec le système actuel et ils risqueraient d’être accusés, une fois de plus, d’être trop gros, trop puissants.
En conclusion, mon avis
L’industrie du paiement est à un moment charnière. Selon moi, les marchés financiers sont passés d’un excès à un autre. Avec les baisses de valorisations, j’anticipe une augmentation du nombre d’OPA dans les prochains mois.
De mon côté, je pense que ce secteur est voué à un bel avenir car il accompagne une tendance de fond comme le montre ce graphique. De plus, je pense que le marché surestime le risque de commodisation car il y a des moyens de se différencier grâce à des services annexes à haute valeur ajoutée, par exemple dans le Risk Management ou la Conformité.
Evolution des revenus des différents types d’acteurs du secteur - Source : PWC
En revanche, face aux risques évoqués plus haut, toutes les sociétés ne se valent pas. Il faut séparer le bon grain de l’ivraie, celles qui sauront faire face à ce nouveau paradigme.
Je pense que c’est notamment le cas d’Adyen. C’est l’action dont je parlais la semaine dernière et que j’ai ajouté à mon PEA. Pour information, j’ai même renforcé ma position cette semaine.
Je ferai un dossier complet sur Adyen dans la newsletter du 12 ou 19 novembre.
Sources
Ce travail de recherche n’aurait pas pu être possible sans les différentes sources que j’ai consultées. Pour tous ceux qui veulent plus loin, je les recommande vivement. La majorité est en anglais.
Payment providers | The race to scale and expansion into new markets par Deloitte
Enfin, les rapports annuels de Visa, Mastercard, Adyen, Nexi, Worldline entre autres
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Bourseko
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Comment fonctionne une transaction par carte bancaire ?