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Quel avenir pour les véhicules autonomes ?
#155 ... et qui raflera la mise de cette nouvelle révolution technologique
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Quel avenir pour les véhicules autonomes ?
Par Loris Dalleau
2025 marque une accélération majeure pour la conduite autonome. Waymo multiplie les déploiements dans des villes comme Atlanta, Austin et Los Angeles, tandis que Tesla prépare le lancement de son Robotaxi à Austin, franchissant un nouveau cap vers la commercialisation à grande échelle.
Entre avancées technologiques, baisse des coûts et expérimentation à grande échelle, cette année pourrait bien être le début d’une adoption progressive des véhicules autonomes, avec des impacts majeurs sur le marché de la mobilité.
Dans cette newsletter, nous revenons sur les approches diamétralement opposées des deux principaux acteurs occidentaux, Waymo et Tesla, et analysons les perspectives à moyen terme de cette technologie.
Waymo, le terrain plutôt que la théorie
La bataille du véhicule autonome est mondiale et extrêmement concurrentielle. La Chine avance vite avec Baidu ou Pony.ai, mais aux États-Unis, le duel central oppose deux visions radicalement différentes, celle de Waymo contre celle de Tesla.
L’approche de Waymo repose sur une idée simple : ne pas chercher à imiter la conduite humaine, mais à la dépasser technologiquement dès le premier jour. C’est ce qui a conduit l’entreprise à transformer ses véhicules en véritables plateformes sensorielles. En effet, une voiture Waymo embarque 29 caméras, 6 radars et surtout 5 LiDARs, ces scanners laser capables de reconstruire l’environnement en 3D.

Quand une caméra peut être éblouie par le soleil, perturbée par une ombre ou aveuglée par la nuit, le LiDAR, de son côté, “sonde” l’environnement. Il mesure précisément la position d’un piéton ou d’un obstacle, qu’il fasse nuit, qu’il pleuve ou qu’un brouillard épais réduise la visibilité. En d’autres termes, Waymo vise une perception du monde plus robuste et plus fiable que celle d’un conducteur humain.
Pour atteindre ce niveau de précision, Waymo s’appuie sur une autre brique technologique, le geofencing. Les véhicules opèrent dans des zones limitées, préalablement cartographiées en haute définition. On peut imaginer ces zones comme des “rails invisibles”. Tant que la voiture reste dans cet espace, la marge d’erreur devient infime et la fiabilité, presque totale.
Par conséquent, cela rend cette technologie moins flexible que celle de Tesla qui cherche à rendre sa voiture autonome partout, immédiatement. Cependant, dans les zones où Waymo est déployé, la performance est d’un niveau quasi-absolu. Et c’est précisément ce critère, la fiabilité, qui conditionnera l’adoption à grande échelle selon Waymo.
Le choix du pragmatisme
Certes, l’approche de Waymo repose sur un déploiement limité à des zones géographiquement définies. Mais cette contrainte technique masque en réalité un choix stratégique.
Le marché du robot-taxi ne se gagnera pas sur des routes isolées ou dans des régions rurales, il se gagnera là où la demande est concentrée. Personne ne s’attend à ce qu’un robot-taxi soit rentable en traversant le Yukon ou en sillonnant la Creuse. La valeur se trouve dans les grandes métropoles, là où la densité est forte où la demande justifie l’investissement.
En se focalisant sur ces hubs urbains, Waymo cible directement le cœur du marché sans disperser ses ressources. C’est un positionnement moins scalable mais plus pertinent économiquement.
Surtout, ce choix stratégique s’accompagne aujourd’hui d’une réalité opérationnelle que peu d’acteurs peuvent revendiquer. Le service payant est déjà pleinement fonctionnel dans plusieurs grandes villes américaines comme San Francisco, Phoenix ou encore Los Angeles. De plus, l’expansion va se poursuivre dans les prochains mois, avec de nouvelles villes telles que Miami, Las Vegas ou Washington D.C.

Cette présence concrète change déjà la dynamique concurrentielle. Plutôt que de se battre sur le terrain théorique de la R&D face à Tesla, Waymo redéfinit les rapports de force sur le terrain. Dans les villes où le service est déployé, Waymo dépasse désormais 30% de part de marché, se positionnant devant Lyft et se rapprochant d’Uber.

L'ambition mondiale
Bien évidemment, si vous lisez cette newsletter, une question vous traverse sans doute l’esprit : quand pourra-t-on enfin monter dans un véhicule autonome en Europe ?
Le coup d’envoi international interviendra dès 2026, avec deux marchés tests particulièrement ambitieux : Londres et Tokyo.
Ces choix ne doivent rien au hasard. Londres permettra à Waymo de démontrer sa capacité à gérer la conduite à gauche, une signalisation différente et surtout un environnement urbain fait de rues étroites, de virages serrés et d’une densité de piétons très européenne.
Tokyo représente l’un des environnements urbains les plus denses au monde, un véritable stress test pour la fiabilité et la précision des systèmes autonomes.
Si Waymo parvient à opérer sans incident majeur dans ces deux métropoles, alors la porte s’ouvrira naturellement pour Paris, Séoul, Hong Kong ou Singapour à l’horizon 2030. Ce serait la preuve que son modèle est véritablement scalable à l’international.

Evolution du nombre de villes où les robot-taxis seront déployés - Source : Boston Consulting Group
Avant de passer à la vision radicale de Tesla, il faut s’arrêter sur une autre différence stratégique majeure. Là où Tesla doit produire ses propres véhicules, construire des usines et imposer son hardware, Waymo a fait le choix d’être agnostique. Ils ne vendent pas la voiture, ils vendent le chauffeur.
Cette stratégie lui permet de s’associer directement aux constructeurs nationaux comme Hyundai, Toyota, et potentiellement demain Tata en Inde ou des marques européennes pour un déploiement dans l’UE.

IONIQ 5 SUV x Waymo
Autrement dit, Waymo se greffe à l’écosystème industriel local au lieu d’essayer de le remplacer.
Pourquoi est-ce un choix brillant ?
Parce que c’est tout simplement de la diplomatie industrielle. En arrivant dans un pays avec des voitures fabriquées localement, Waymo désamorce l’hostilité politique et contourne les accusations habituelles du “géant américain qui détruit l’emploi local”.
Tesla : une autre vision de l’autonomie
Face à la prudence méthodique de Waymo, Tesla adopte l’approche inverse. Ce sont deux visions du futur de la conduite autonome qui s’opposent frontalement.
Le pari du Vision Only
Là où Waymo transforme chaque véhicule en laboratoire roulant équipé de capteurs pouvant atteindre 50 000 dollars, Elon Musk a fait le choix d’un pari à la fois économique et philosophique, le Vision Only.

Selon lui, les humains conduisent avec deux yeux et un cerveau, sans lasers ni radars sophistiqués. Une voiture devrait donc être capable d’apprendre à conduire avec huit caméras et un réseau neuronal. Dans cette logique, le LiDAR devient une prothèse coûteuse, une “béquille” qui ralentit l’apprentissage du système au lieu de le rendre autonome.
Mais si Waymo possède la précision, Tesla dispose du volume. Et c’est là son avantage injuste. Chaque Tesla produite dans le monde devient une source de données qui alimente en continu les supercalculateurs internes, dont Dojo. Même lorsque l’Autopilot n’est pas activé, le véhicule observe, enregistre, compare, et remonte des millions de situations réelles. Là où Waymo apprend avec quelques milliers de voitures, Tesla apprend avec plusieurs millions.

Vision Only de Tesla
Ce flux massif permet un apprentissage continu qui s’accélère au fil du temps. De plus, les véhicules s’améliorent littéralement pendant la nuit, grâce aux mises à jour logicielles.
Néanmoins, imiter la vision humaine, c’est aussi s’exposer à ses limites. Une caméra peut être éblouie, noyée sous la pluie ou trompée par le brouillard. Là où le LiDAR de Waymo perçoit l’environnement en trois dimensions, une Tesla doit constamment interpréter, et parfois deviner, ce qu’elle voit.
La conséquence se voit immédiatement dans le taux d’intervention. Malgré les déclarations d’Elon Musk, les Tesla nécessitent encore l’attention active d’un conducteur.

Les véhicules autonomes de Tesla ont encore un conducteur à bord.
À l’inverse, Waymo opère déjà, à grande échelle, des véhicules entièrement autonomes transportant chaque semaine des dizaines de milliers de passagers sans personne derrière le volant.
Les véhicules autonomes, bientôt hégémoniques ?
Au-delà de la technologie, le principal intérêt des véhicules autonomes est surtout économique.
Le talon d'Achille d'Uber ou des taxis, c'est l'humain. L'humain a besoin de dormir, de manger, et surtout, il doit être payé décemment. Avec l'inflation et la pression régulatoire pour requalifier les chauffeurs en salariés, le coût du kilomètre "humain" est plancher, il ne baissera jamais. Pire, il est voué à augmenter chaque année.
À l’inverse, Waymo surfe sur la déflation technologique. C'est la magie de l'échelle industrielle 👇
Le hardware : Le prix des LiDARs, des puces et des batteries s'effondrent à mesure que la production augmente.
Le software : Une fois le logiciel développé, le dupliquer sur 1 million de voitures ne coûte quasiment rien (coût marginal proche de zéro).
Et pour le coup, la croissance est très forte puisque Waymo est passé de 10 000 trajets payants par semaine en mai 2023 à plus de 450 000 aujourd'hui. Cette explosion du volume (+4400% !) permet d'écraser les coûts fixes à une vitesse vertigineuse.

Nombre de trajets payants par semaine pour Waymo
Mais la variable qui change véritablement la donne, celle que la plupart sous-estiment, c’est le taux d’utilisation. En effet, une voiture personnelle est un actif financièrement désastreux qui passe 95% de sa vie à dormir au garage.
Même un chauffeur Uber, aussi motivé soit-il, reste soumis à des limites biologiques. Il doit dormir, manger et ne peut guère dépasser 8 à 10 heures de volant par jour.
À l’opposé, le Robotaxi est un travailleur infatigable. Il peut enchaîner 20 à 22 heures de courses quotidiennes, ne s'arrêtant que pour des "pauses techniques" (recharge et nettoyage).
L'équation est donc sans appel : sans chauffeur à payer et avec un temps de travail doublé, un véhicule autonome génère mécaniquement deux à trois fois plus de revenus qu'un VTC classique chaque jour. C'est cette densité de revenus qui rend le modèle structurellement plus rentable.
Aujourd'hui, le futur a encore un prix. Un trajet Waymo coûte environ 15 à 20% plus cher qu'un Uber à Phoenix ou San Francisco. Par conséquent, les utilisateurs paient toujours une prime de curiosité ou de confort.

Mais le croisement des courbes est imminent. D'ici 3 à 4 ans, grâce aux économies d'échelle, le robotaxi pourrait devenir l'option la moins chère du marché. Ce jour-là, ce ne sera peut-être plus une question de "geek", mais de pouvoir d'achat.
Pourquoi Uber pense pouvoir survivre (et même prospérer)
Le récit dominant présente souvent les robotaxis comme une menace existentielle pour les deux principaux acteurs de VTC américains : Uber et Lyft. Pourtant, Dara Khosrowshahi, le PDG d’Uber, défend une vision où es véhicules autonomes représentent une opportunité massive.

Dara Khosrowshahi - PDG d’Uber
Tout d’abord, il identifie 5 conditions indispensables au véritable décollage de ce marché, des conditions qui doivent être réunies simultanément :
Un cadre réglementaire complet : national, local et municipal
Un bilan de sécurité irréprochable, nettement supérieur à celui de la conduite humaine, car on acceptera plus facilement une erreur humaine que celle d’une licence
Un hardware abordable, capable de passer de plusieurs centaines de milliers à quelques dizaines de milliers de dollars
Des opérations terrain robustes : recharge, nettoyage, maintenance, objets perdus, gestion de flotte… tout doit fonctionner parfaitement.
Un réseau de forte utilisation, capable d’absorber les flux quotidiens et les pics saisonniers.
Selon Uber, aucun acteur autonome ne peut atteindre seul ce niveau d’exigence. C’est précisément là qu’Uber estime disposer d’un avantage structurel avec son réseau, sa densité de données et son expertise opérationnelle créent une infrastructure clé pour accueillir ces technologies.
Uber ajoute par ailleurs que, comme pour les LLM, le marché des véhicules autonomes ne sera probablement pas un winner takes all. Plusieurs technologies concurrentes coexisteront, avec des performances proches. L’enjeu majeur sera donc la distribution, et sur ce terrain, Uber s’estime le mieux positionné.
Dans cette perspective, l’avenir ne ressemble pas à un duel entre Uber et les robotaxis, mais plutôt à un écosystème hybride, où :
les meilleurs fournisseurs technologiques (Waymo, Tesla, Cruise…)
se connectent aux meilleures plateformes de distribution (Uber, Lyft, Bolt…).
Conclusion
Chez Bourseko, nous sommes convaincus que le véhicule autonome n’est pas un gadget de science-fiction, mais bien la prochaine révolution structurelle de la mobilité. Cela dit, il faut être réaliste sur l’horizon temporel, la route est encore longue.
Selon un rapport du Boston Consulting Group, les véhicules autonomes ne représenteront probablement pas plus de 2% des ventes mondiales en 2030, et resteront en dessous de 10% en 2035. Evidemment, compte tenu de l’évolution rapide de la technologie, ces chiffres peuvent changer très vite. Surtout, l’incertitude est importante pour savoir qui capturera la plus grande part de valeur de cette révolution technologique.
Comme pour l'avènement du Cloud dans les années 2010 (qui a mis des années à devenir la machine à cash d'Alphabet), cette transition exigera d’être patient. Il faudra probablement 10 à 15 ans pour que le maillage soit mondial et que commander un véhicule autonome devienne aussi banal que de prendre le métro. Enfin, comme toujours avec les transitions majeures, le chemin sera semé d’embûches.

Il aura fallu 15 ans avant que Google Cloud devienne rentable.
Notre avis
Pour Alphabet, le pari Waymo représente une asymétrie positive. S’il réussit, et les premiers chiffres sont encourageants, on parle d’un relais de croissance de plusieurs centaines de milliards.
Le point clé ? Le marché n’a pas encore intégré cette valeur dans le cours. Si Waymo échoue, Alphabet reste un géant rentable. En revanche, si Waymo réussit, c’est un vrai jackpot.
Pour Tesla, c’est une autre histoire. Le marché valorise déjà l’entreprise comme si la conduite autonome était acquise. Si Tesla réussit, ce qui reste probable avec sa base de données massive, la valorisation peut se justifier et l’histoire continue.
Si Tesla échoue ou prend du retard, il n’y a pas de filet de sécurité. La déception serait brutale, car les ventes de voitures électriques seules ne suffisent pas à justifier la capitalisation.

PER de Tesla vs Alphabet
En résumé : pour Alphabet, Waymo est un bonus. Pour Tesla, l’autonomie est au cœur d’une thèse d’invetissement.
L’un est un pari peu risqué, l’autre demande une conviction forte. De notre côté, nous avons fait notre choix.
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