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Comment profiter du plus grand transfert de richesse de l’Histoire
#93 Une mégatendance particulièrement forte en Europe

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Dernièrement, sur X (ex-Twitter), je suis tombé sur un excellent thread de Mehdi Cornillet abordant le sujet de « l’héritocratie ».
Qu’est-ce que cela signifie ? Longtemps associé aux sociétés aristocratiques du XIXᵉ siècle, l’héritage connaît aujourd’hui une véritable renaissance dans les pays développés. Cette résurgence est si marquée que le prestigieux journal The Economist évoque désormais l’émergence d’une nouvelle « héritocratie ».
Ce week-end, The Economist a publié une bombe sur une évolution potentiellement mortelle de notre société : l'héritocratie.
La méritocratie meurt à vitesse grand V et c'est un danger que PERSONNE ne réalise vraiment aujourd'hui.
Thread 🧵... (1/11)
— Mehdi Cornilliet - Éducation & Finance (@MCornilliet)
10:15 AM • Mar 3, 2025
Intrigué, j’ai décidé d'approfondir en lisant l’article original de The Economist, que je recommande vivement (payant). Au-delà du simple constat dressé par le journal, il m’est immédiatement apparu qu’il s’agissait d’une tendance de fond susceptible d’avoir un impact majeur investissements à long terme.
Dans cette newsletter, nous vous proposons donc une synthèse de cet article, suivie d'une réflexion sur les secteurs susceptibles de profiter de cette mégatendance.
L’héritage revient en force dans les pays développés
Les chiffres récents sont sans appel : dans les pays riches, le flux annuel d’héritages représente aujourd’hui environ 10% du PIB, soit près de 6 000 milliards $ en 2023. Cette proportion était deux fois plus faible dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, autour de 5% du PIB. La richesse héritée redevient un élément clé de l’économie, avec des implications profondes sur la répartition des richesses et la mobilité sociale.
Dans plusieurs pays occidentaux, cette tendance est particulièrement marquée.
En France, la part des héritages dans le PIB a doublé depuis les années 1960, illustrant le poids croissant de la transmission patrimoniale sur les trajectoires économiques individuelles. En Allemagne, le phénomène est encore plus accentué : les flux d’héritages ont presque triplé depuis les années 1970.
L’Italie se distingue également, avec une part des héritages qui dépasse aujourd’hui 15 % du PIB national.

Source : The Economist
Le Royaume-Uni suit la même évolution. Une étude récente montre qu’un individu né dans les années 1960 avait une chance sur six d’hériter d’un patrimoine supérieur à dix années de revenu moyen de sa génération. Pour ceux nés dans les années 1980, cette proportion est passée à un sur trois.
Pourquoi les héritages explosent aujourd’hui ?
L’essor spectaculaire des héritages découle en premier lieu de l’accumulation sans précédent des richesses au cours des dernières décennies. Plusieurs facteurs conjugués l’expliquent.
Une explosion des marchés immobiliers et boursiers
Cette « héritocratie » repose sur une progression fulgurante du marché immobilier dans les grandes métropoles mondiales. Des villes comme Londres, Paris ou New York ont connu une explosion spectaculaire des prix immobiliers depuis la fin du XXᵉ siècle.
Ainsi, au Royaume-Uni, la valeur totale des biens immobiliers est passée d’environ 1 000 milliards de livres (130 % du PIB) au milieu des années 1990 à près de 7 000 milliards de livres (270 % du PIB) ces dernières années.

Depuis 2022, le prix moyen de l’immobilier au Royaume-Uni a quasiment triplé
Cette évolution s’explique notamment par la rareté de l’offre et une demande croissante pour des biens localisés dans des métropoles économiquement dynamiques (la métropolisation). Ceux qui ont acheté des biens avant cette explosion immobilière ont vu la valeur de leur patrimoine grimper en flèche, offrant ainsi à leurs descendants des héritages importants.
Cette situation nouvelle a fait émerger une nouvelle typologie d’héritiers, couvrant un spectre beaucoup plus large qu’auparavant. L’héritier typique n’est plus seulement issu d’une famille ultra-riche. Aujourd’hui, de nombreuses familles appartenant à la classe moyenne supérieure bénéficient de cette envolée immobilière. Des héritiers issus de familles autrefois modestes reçoivent désormais des sommes conséquentes grâce à la valorisation spectaculaire de l'immobilier urbain.
Dans ce contexte, on constate l'émergence d'une nouvelle génération d’ultra-riches, composée en grande partie d’héritiers directs de fortunes construites au XXᵉ siècle. Selon la banque UBS, en 2023, 53 nouveaux milliardaires sont issus directement d’héritages, un chiffre qui se rapproche de celui des nouveaux milliardaires ayant bâti leur propre fortune par leur travail (84 milliardaires).
De plus, les performances exceptionnelles des marchés financiers au cours des dernières décennies ont fortement enrichi les détenteurs d'actifs. Les marchés boursiers des pays développés, en particulier aux États-Unis et en Europe, ont connu une période prolongée de croissance exceptionnelle depuis les années 1980, interrompue seulement brièvement par les crises financières.

Evolution du S&P 500 depuis 1980
La hausse soutenue des marchés boursiers a permis à de nombreux ménages de multiplier leur patrimoine initial de manière significative.
Cette évolution remet profondément en question la notion même de méritocratie, puisqu’une part grandissante de la richesse individuelle provient désormais d’un simple héritage familial, sans lien direct avec l'effort personnel ou l'innovation individuelle.
Une pyramide des âges favorable aux transmissions
Le facteur démographique joue un rôle central dans l’explosion actuelle des héritages. La génération des baby-boomers, née entre 1946 et 1964, constitue une part importante de la population dans les pays riches.
Cette génération a bénéficié d’une prospérité économique exceptionnelle après la Seconde Guerre mondiale et a vu la valeur de ses actifs s’envoler au fil des décennies, comme évoqué plus haut.
Aujourd’hui, les baby-boomers détiennent une part majeure du patrimoine des ménages aux États-Unis, mais cette tendance se retrouve dans l’ensemble des pays développés.

Cette génération, aujourd’hui vieillissante, commence à transmettre massivement cette richesse accumulée à une génération plus restreinte numériquement, en raison de taux de natalité en constante baisse, chose inédite dans l’histoire de l’humanité.

Evolution de la pyramide des âges entre 2000 et 2022 en Allemagne
Ainsi, chaque héritier individuel reçoit une part bien plus significative de patrimoine qu’auparavant, amplifiant encore davantage l’impact économique et social des héritages.
Une baisse généralisée de la fiscalité sur les successions
Un autre facteur essentiel derrière l'explosion récente des héritages est la baisse continue de la fiscalité sur les successions observée depuis la seconde moitié du XXᵉ siècle.
Selon The Economist, les recettes provenant des droits de succession représentaient une proportion significative des revenus fiscaux au début du XXᵉ siècle, en particulier aux États-Unis et au Royaume-Uni. Mais face aux pressions politiques et économiques, notamment les craintes de voir les fortunes quitter le pays pour des juridictions fiscalement plus avantageuses, les gouvernements ont progressivement diminué ou supprimé ces taxes.

Ainsi, aujourd’hui, ces taxes représentent généralement moins de 1% des recettes fiscales totales des pays développés. Des pays tels que l’Australie, le Canada, la Norvège et la Russie les ont même complètement abolis. Aux États-Unis, entre 1976 et 2000, plus de 20 États ont supprimé ces taxes.
Une croissance économique structurellement ralentie
Enfin, le ralentissement structurel de la croissance économique accentue le phénomène d’accumulation de la richesse au détriment des revenus issus du travail.
Cette dynamique signifie que la richesse accumulée par héritage augmente relativement plus rapidement que la richesse créée par les revenus du travail. Ainsi, la part relative des flux d’héritage dans l’économie globale s’accroît mécaniquement, réorientant progressivement l’économie vers une prédominance du capital familial au détriment du travail.
Comment profiter de cette mégatendance en tant qu’investisseur ?
L’augmentation substantielle des patrimoines hérités redessine le paysage des marchés financiers. Tout d’abord, le profil moyen des investisseurs change profondément. Les héritiers constituent désormais une classe d’investisseurs plus jeune, plus nombreuse et disposant de ressources initiales conséquentes.

Face à ce phénomène de long terme, nous pouvons en tant qu’investisseurs essayer d’identifier les secteurs susceptibles de bénéficier directement de ce phénomène.
Gestion d’actifs et Private Banking
Le secteur de la gestion d’actifs et du Private Banking est l’un des principaux bénéficiaires de l’évolution démographique et économique liée à la montée des héritages. L’afflux important de capitaux hérités entraîne une augmentation notable de la demande en services financiers spécialisés.
Les banques privées, family offices et sociétés de gestion patrimoniale bénéficient directement de l'arrivée constante d’une clientèle plus jeune et aisée, qui cherche activement des solutions efficaces pour préserver, optimiser et développer son patrimoine.
Cette nouvelle génération d’héritiers privilégie des conseils sur mesure, des stratégies d’investissement alignées sur leurs ambitions et des services exclusifs. Pour répondre à cette attente croissante, les acteurs financiers s’adaptent : ils perfectionnent leurs offres des plateformes digitales ergonomique et des équipes dédiées à la gestion patrimoniale haut de gamme.
Depuis quelques années, l’essor de ces solutions démontre aussi un changement radical dans le monde bancaire.
De nouveaux acteurs comme Finary transforment la gestion de patrimoine. L’entreprise propose un outil permettant de suivre ses actifs en temps réel et d’optimiser ses frais, une approche qui séduit de plus en plus d’investisseurs.
Finary va encore plus loin avec Finary One, une offre de banque privée digitale, visant à digitaliser et à rendre plus accessible ces services traditionnellement réservés aux personnes très fortunées.

De l’autre côté, des néo-courtiers à faibles coûts, comme Robinhood aux États-Unis ou Trade Republic en Europe, séduisent les nouveaux investisseurs en quête de simplicité et de frais faibles.
Parallèlement, la gestion passive, à travers les ETF, connaît un essor significatif. Ces produits financiers simples, transparents et à faibles coûts attirent fortement cette génération d’héritiers souhaitant préserver leur patrimoine sans nécessiter une expertise approfondie en gestion financière active.

En Europe, les flux ont été multipliés par 5 au cours des 10 dernières années.
Concernant les ETF, les grands gagnants sont des acteurs européens comme Amundi et DWS Group (XTrackers) reconnus pour leurs ETF compétitifs sur le marché européen, ainsi que des géants américains tels que MSCI ou S&P Global, portés par des indices phares comme le MSCI World et le S&P 500.
Immobilier : une demande durablement forte
L’immobilier demeure un secteur particulièrement attractif pour les héritiers souhaitant sécuriser leur patrimoine. La forte valorisation immobilière enregistrée ces dernières décennies dans les grandes métropoles a confirmé son statut de valeur refuge. Les biens résidentiels haut de gamme, notamment à Paris, Londres ou New York, profitent directement de l’appétit croissant des héritiers pour des placements solides et sécurisés.
De notre côté, nous préférons éviter une exposition long terme à ce secteur. Il reste complexe à appréhender en raison des fluctuations des taux d’intérêt et repose souvent sur des augmentations de capital pour générer de la valeur, un modèle qui nous séduit rarement.
Toutefois, pour ceux qui souhaitent profiter de cette dynamique immobilière, nous conseillons les entreprises américaines comme AvalonBay ou Equity Residential, spécialisées dans les appartements haut de gamme au cœur de métropoles telles que New York, Los Angeles ou Miami.
À l’inverse, nous écartons les entreprises européennes, davantage contraintes par des réglementations strictes sur les loyers et les normes énergétiques.
Et encore plein d’autres secteurs à surveiller
Au-delà des secteurs déjà mentionnés (finance, immobilier, digitalisation), d’autres industries devraient tirer un profit significatif du transfert massif de richesse vers la génération Y. Ces domaines bénéficieront surtout des nouvelles habitudes de consommation et des priorités propres à cette génération.
Le secteur du luxe et des biens haut de gamme vient immédiatement à l’esprit. Les jeunes héritiers, dotés d’un patrimoine conséquent dès le début de leur vie adulte, montrent un vif engouement pour des produits exclusifs et personnalisés : vêtements de créateurs, voitures de luxe, expérience exclusive comme des croisières, des restaurants gastronomiques, etc.
Enfin, un autre secteur bénéficie des tendances liées à l’héritage dans les pays occidentaux : celui des dépenses pour les animaux, en particulier la santé animale. La baisse du nombre d’enfants par femme s’accompagne d’une hausse notable du nombre d’animaux domestiques et, surtout, des dépenses qui leur sont consacrées.
Par exemple, aux États-Unis, depuis 2020, l’industrie des animaux de compagnie a bondi de 50% en seulement quatre ans.

Croissance annuelle estimée à 8 % entre 2016 et 2030
Chez Bourseko, nous restons très enthousiastes à l’égard du secteur de la santé animale. Que ce soit aux États-Unis avec Zoetis, leader mondial des médicaments et vaccins pour animaux, IDEXX, expert en diagnostic animalier, ou encore en France avec Virbac, champion français offrant désormais une valorisation attractive.
Conclusion
En conclusion, l’explosion actuelle des héritages constitue l’un des changements économiques et sociaux les plus marquants de notre époque.
Comme le souligne The Economist, l’importance croissante des héritages pourrait renforcer durablement les inégalités économiques, creusant le fossé entre des rentiers bénéficiant d’un patrimoine conséquent dès le départ et une majorité d’individus contraints de bâtir leur richesse uniquement par leur travail.
Par ailleurs, cette évolution pourrait avoir des conséquences négatives à long terme en décourageant l’innovation et la prise de risques entrepreneuriaux. Une société dominée par les héritages risque en effet de voir diminuer les incitations à l’effort individuel, ralentissant ainsi potentiellement l’innovation et la croissance économique future.
De notre côté, comme nous l’avons vu, cette mégatendance va certainement créer des opportunités intéressantes pour plusieurs secteurs. Personnellement, je pense que les secteurs que j’ai évoqués précédemment (immobilier, digitalisation, gestion d’actifs et Private Banking) devraient clairement en bénéficier.
Et toi ? Tu penses à des secteurs en particulier ?
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